Le fonds souverain chinois prêt à investir en Europe
[ 18/04/09 - 18H27 - actualisé à 18:43:00 ]
Le président du CIC s'est félicité du protectionnisme européen l'an dernier qui l'a empêché d'investir à un mauvais moment, rapporte Reuters. Mais la situation a changé, estime-t-il. Lors du même Forum, le Premier ministre chinois Wen Jiabao s'est de son côté voulu rassurant sur l'état de l'économie chinoise.
Le fonds souverain chinois CIC (China Investment Corp) est activement à la recherche d'opportunités d'investissements à l'étranger et notamment en Europe. Doté de 200 milliards de dollars, il aurait déjà identifié de nombreuses opportunités, a déclaré son président samedi au Forum annuel de Boao.
A ce même forum, le Premier ministre chinois Wen Jiabao s'est quant à lui voulu rassurant sur l'état de l'économie chinoise, "meilleur que prévu", et a annoncé la création d'un fonds de 10 milliards de dollars pour les infrastructures en Asie, au Forum annuel de Boao.
Lou Jiwei, le président du CIC, s'est senti "reconnaissant" vis-à-vis de "tous ces protectionnistes financiers en Europe," rapporte l'agence Reuters. "Nous n'avons pas investi un penny en Europe l'an dernier. Si nous avions investi dans la zone Euro, nous aurions essuyé des pertes terribles," a-t-il estimé.
Mais les opportunités sont désormais beaucoup plus nombreuses. Et "l'Europe se montre beaucoup plus ouverte et ne mentionne plus ces freins [aux investissements, NDLR]," a noté Lou Jiwei.
Pékin avait mis en place CIC pour diversifier les investissements réalisés avec ses centaines de milliards de dollars de réserves de change, essentiellement investies en obligations américaines. CIC avait réalisé en 2007 des investissements en capital aux Etats-Unis, notamment dans des sociétés financières (Blackstone, Morgan Stanley). Ils se sont révélés perdants dans de larges proportions.
Créé en 2001, le Forum rassemble des chefs d'Etat ou de gouvernements, anciens ou encore en fonction, et des responsables économiques, sur l'intégration économique de l'Asie.
L'édition 2008, samedi et dimanche, accueille notamment le président pakistanais Asif Ali Zardari, qui a lancé un appel à l'aide pour la lutte antiterroriste, et l'ancien président américain George W. Bush, qui devait prononcer un discours en soirée.
"Le plan de relance de la Chine a déjà montré des résultats, l'économie a vu des changements positifs, et la situation est meilleure que prévue", a dit le chef du gouvernement chinois dans son discours. "La croissance de l'investissement s'est accélérée, la consommation a progressé de manière rapide et la demande intérieure continue de monter".
Mais, a dit M. Wen, "le développement économique et social de la Chine est confronté à des grandes difficultés".
"Les principales (d'entre elles) sont une demande extérieure qui continue de se contracter, une forte baisse des exportations (...) une surcapacité dans certains secteurs industriels", a-t--il dit, ajoutant que les rentrées fiscales étaient en baisse et que le chômage allait en sens inverse.
La croissance chinoise a continué de ralentir de janvier à mars, à 6,1% sur un an, atteignant son pire niveau trimestriel en une décennie au moins.
Cependant, de nombreux analystes estiment que le plan de relance chinois, annoncé en novembre dernier, de 4.000 milliards de yuans (460 milliards d'euros) commence à porter ses fruits et que le pire pourrait être passé.
Pour 2009, la Chine s'est fixé l'objectif d'une croissance de 8%, nécessaire au maintien de l'emploi dans ce pays de 1,3 milliard d'habitants.
M. Wen a par ailleurs annoncé que la Chine allait mettre en place un fonds de 10 milliards de dollars pour des projets d'infrastructure en Asie du Sud-Est.
"Nous devrions accélerer le développement des infrastructures dans les transports, l'énergie et les communications dans la région et la sous-région pour parvenir à l'interconnection et à la formation d'un réseau", a dit Wen Jiabao.
Il devait initialement annoncer la création du fonds en Thaïlande lors du sommet de l'Association des Nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) le week-end dernier, mais celui-ci avait été annulé en raison de violentes manifestations antigouvernementales.
Le président du Pakistan a de son côté appelé à l'aide dans la lutte contre le terrorisme, au lendemain de l'octroi par des donateurs de cinq milliards de dollars pour stabiliser son pays.
"Cette question est liée au fait de ne pas pouvoir contrôler le terrorisme qui se développe autour du Pakistan, de l'Afghanistan et bien sûr de la région", a déclaré M. Zardari, "aidez--nous à (...) lutter contre cette menace".
Le Pakistan est secoué par une vague d'attentats islamistes et des régions entières, notamment les zones tribales du nord-ouest voisines de l'Afghanistan, échappent au contrôle d'Islamabad.
Quelque 27 Etats et 16 organisations ont promis vendredi à Tokyo 5,28 milliards de dollars au Pakistan, pour la plupart sur deux ans, sous forme de dons ou prêts.
Mais l'émissaire américain pour l'Afghanistan et le Pakistan Richard Holbrooke a prévenu samedi que ces cinq milliards "ne suffiraient pas".