La reprise s'amorce dans le monde
04/09/2009 | Mise à jour : 16:25 |
Crédits photo : ASSOCIATED PRESS
Aux Etats-Unis et ailleurs, l'immobilier se stabilise, la consommation des ménages reprend et les marchés boursiers retrouvent la confiance des investisseurs. Mais le secteur de l'emploi reste grippé, une tendance qui pourrait durer encore quelques mois.
FMI, BCE, OCDE, Banques centrales, etc. Pour la majeure partie des institutions monétaires mondiales, la reprise est proche. Certes, la prudence reste encore de mise, mais la publication de statistiques économiques encourageantes depuis quelques semaines fait penser que le pic de la crise est clairement passé. La plupart des marchés mondiaux l'ont d'ailleurs bien compris, retrouvant ces deux dernières semaines des niveaux qui n'avaient plus été vus depuis de nombreux mois.
Comme l'a indiqué le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, dans une revue publiée par l'organisation internationale, pour qu'une reprise mondiale s'opère, il faut que l'économie américaine, «à l'origine de la crise», soit «au centre du rebond». Son institution a d'ailleurs annoncé vendredi qu'elle anticipait désormais une contraction de 1,3% du produit intérieur brut (PIB) mondial cette année, contre une prévision précédente de -1,4%. En 2010, le fonds voit l'économie mondiale croître de 2,9%, alors qu'il tablait jusqu'ici sur +2,5%.
Les Etats-Unis sortent enfin du gouffre
En août, l'activité industrielle américaine a enfin progressé après dix-huit mois de baisse, revenant au niveau d'avant la crise des crédits immobiliers. Barack Obama n'est pas resté insensible à cette annonce, la saluant comme «un signe que nous sommes sur la voie de la reprise économique».
Autre bonne nouvelle, la stabilisation du marché immobilier, avec un net rebond des promesses de ventes de logements en juillet, pour le sixième mois de suite. Enfin, et c'est peut-être un des points clé de la reprise, les dépenses de consommation des ménages américains ont augmenté pour le troisième mois de suite en juillet, de 0,2% par rapport à juin. Cette progression est d'autant plus encourageante que les revenus des ménages n'ont, de leur côté, pas augmenté d'un mois sur l'autre.
Ces données macro-économiques n'ont pas échappé aux dirigeants américains, le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, déclarant mercredi qu'il voyait «les premiers signes de la croissance» aux Etats-Unis et dans le monde. Une semaine avant, le président de la Fed Ben Bernanke, connu pour son optimisme timide, estimait de son côté que «l'activité économique (…) est en train de se stabiliser, à la fois aux Etats-Unis et à l'étranger».
Le reste du monde suit la tendance
En zone euro, la tendance s'améliore également. Le PIB y a en effet reculé de 0,2% au 2e trimestre, marquant un cinquième trimestre consécutif de recul, mais le rythme de baisse a fortement chuté, si on le compare au plongeon de 2,5% au premier trimestre. Les deux principales économies de la zone euro, l'Allemagne et la France, ont vu un retour à la croissance au 2e trimestre. Jeudi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) est sorti de sa torpeur habituelle, indiquant que l'économie «en zone euro et ailleurs» montrait des «signes croissants de stabilisation». La période de forte contraction de l'économie a touché à sa fin, a déclaré Jean-Claude Trichet, même si «les incertitudes restent élevées». Jeudi toujours, un rapport publié par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) indiquait que la reprise économique mondiale pourrait être «plus précoce» que prévu, même si elle resterait «modeste». L'organisation en a profité pour relever plusieurs de ses prévisions de croissance pour 2009, notamment pour le Japon (-5,6% contre -6,8% auparavant), l'Allemagne (-4,8% contre -6,1%) et la France (-2,1% contre -3%), trois pays qui sont sortis de la récession au deuxième trimestre.
En Asie, après un premier trimestre 2009 décevant, la croissance reprend de la vigueur, notamment en Chine (+7,9% au deuxième trimestre). Le gouvernement attend désormais 8,5% au cours des trois prochains mois.
L'emploi reste à la traîne
Mauvais élève de la reprise économique, l'emploi continue de subir les conséquences d'une crise qui laisse des séquelles sérieuses. Cette situation n'est pourtant pas une surprise, les économistes, Ben Bernanke en tête, ayant toujours indiqué que le chômage réagirait avec décalage par rapport à l'évolution de la conjoncture. Très attendus, les chiffres publiés vendredi par Washington ont fait d'un taux de chômage qui a augmenté plus qu'attendu en août, à 9,7% de la population active, après 9,4% en juillet. Il s'agit du taux de chômage le plus élevé depuis juin 1983, lorsqu'il avait atteint 10,1%. Sinistré par la crise, le secteur américain de l'industrie paye un lourd tribut, avec 136.000 suppressions de postes contre 122.000 en juillet.
L'Europe ne se porte pas mieux. En zone euro, le chômage a ainsi touché les 9,5% en juillet, son plus haut niveau depuis 10 ans, avec plus de 15 millions de personnes sans emploi, selon Eurostat.