Plusieurs universités françaises bloquées par les étudiants qui protestent contre les réformes du gouvernement ont voté lundi, sous la menace de l'exécutif, la reprise partielle des cours.
La fin des blocages, toutefois assortie de conditions, a été décidée à Bordeaux III, Besançon et Lorient.
httpLe ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, a averti les auteurs des blocages qu'ils se verraient privés de leurs diplômes de fin d'année s'ils persistaient dans le mouvement, commencé parfois depuis plus de trois mois.
"Méfiez-vous, l'opinion se retourne", a-t-il dit lundi sur RTL. "Il n'y aura pas de licence es grève, de mastère en pétition ou de doctorat en blocage, donc on ne donnera pas des diplômes à ceux qui auront fait en sorte que les universités ne fonctionnent pas".
Il estime que les blocages frappant encore une vingtaine d'universités sur 85 nuisent aux étudiants les plus fragiles et les plus modestes. Malgré ce discours ferme, le ministre n'a cependant pas exclu une ultime concession sur la réforme du recrutement des enseignants, qui doivent voir leur formation allongée de Bac+3 à Bac+5 en 2011.
"Nous sommes en discussion", a-t-il dit. "Est examiné l'éventuel recrutement dans la période intermédiaire de la réforme de personnes à Bac+4".
Face à la grogne dans les lycées et les universités qui dure depuis fin 2008, le gouvernement a déjà reporté une réforme du lycée et accepté de revoir la modification du statut des enseignants chercheurs.
L'Unef, principal syndicat étudiant, a condamné les propos du ministre, dans lesquels il voit "une stratégie de la tension et du pourrissement irresponsable et dangereuse".
Dans de nombreuses universités bloquées totalement ou partiellement, les examens devraient se dérouler normalement ou être légèrement repoussés comme à Strasbourg, où il y aura 15 jours de retard dans certaines unités de sciences humaines.
DES VOTES À BULLETINS SECRETS
Des votes ont eu lieu lundi dans des universités en conflit, dans un climat de tension et de confusion.
A Bordeaux-III (lettres et sciences humaines), les personnels administratifs, enseignants et étudiants ont voté à bulletins secrets en faveur d'une reprise des "activités pédagogiques" tout en conditionnant la tenue des examens à la satisfaction des revendications.
La motion adoptée prévoit l'organisation d'activités pédagogiques, d'activités "hors les murs", de débats et une assemblée générale par semaine. Est également prévu qu'"aucun examen ni contrôle continu ne pourra être organisé avant les vacances d'été si nous n'obtenons pas la satisfaction de nos revendications".
A l'université Jean Moulin Lyon-II, seuls quelques cours étaient encore bloqués lundi. De l'aveu des organisateurs, "après 15 semaines de mobilisation, les effectifs sont en baisse et l'approche des partielles démobilise les troupes". Une assemblée générale est prévue mardi sur le site des quais du Rhône ; une autre est annoncée mercredi sur le site de Bron.
La faculté de lettres et de sciences humaines de Besançon, perturbée depuis le début du mouvement, a voté à 63% pour l'organisation des examens et à 60% pour la levée des blocages.
Pas de vote en revanche à la faculté toujours en grève de Nancy, où un plan de reprise des cours proposé par la présidence de l'université a été rejeté à 57% la semaine dernière.
Etudiants et enseignants grévistes de l'université de Bretagne Sud à Lorient, bloquée depuis des semaines, ont opté à bulletins secrets pour un blocage partiel. Les cours ne seront pas assurés deux après-midi par semaine mais des séances de rattrapage sont prévues en vue des examens repoussés à début juin.
Thierry Lévêque, avec les correspondants régionaux de Reuters, édité par Elizabeth Pineau