[ 23/06/09 - 19H55 - actualisé à 19:51:00 ]
EXCLUSIF. L'économiste en chef du Fonds monétaire international fait le point sur la crise économique actuelle dans le monde. Extraits de l'interview, dont vous retrouverez l'intégralité mercredi matin.
Lors de leur dernière réunion, à Lecce le 12 juin, les ministres des Finances du G8 se félicitaient d'entrevoir la sortie du tunnel de la crise. Partagez-vous leur relatif optimisme ?
Je dirai qu'on est encore dans le tunnel, mais qu'on en voit la sortie. Nous avons évité le scénario catastrophe d'une dépression qui était encore envisageable à l'automne dernier. Ceci est clairement derrière nous. Le risque d'un effondrement bancaire est désormais écarté. Les taux de croissance très négatifs au quatrième trimestre 2008 et au premier trimestre de cette année sont derrière nous. Pour les pays avancés, nous nous dirigeons vers une croissance zéro d'ici à la fin 2009 avant d'assister à un retour à une croissance positive. Cela dit, les gouvernements sont-ils capables de maintenir une croissance soutenue pour un retour au plein emploi dans les prochaines années ? C'est maintenant la grande question.
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Vous plaidez donc pour que l'Europe, où le résultat des stress tests des grandes banques conduit actuellement seront prêts en septembre, les publie à son tour ?
Pour le Fonds, plus la transparence est grande, mieux c'est. Quelle que soit la position qu'on ait pu avoir aux Etats-Unis avant cet exercice conduit par la Réserve fédérale, la publication des résultats a eu un effet stabilisateur sur les marchés financiers. Beaucoup pensaient, par exemple, que Citigroup était en faillite. Les résultats montrent que Citigroup ne se porte pas bien, mais ces craintes étaient exagérées.
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Etes-vous inquiet de l'effondrement des flux de capitaux privés vers les pays en développement ?
L'effondrement n'est pas spécifique aux pays émergents. Il concerne tous les pays. Les flux privés sont en nette régression. Au dernier trimestre 2008, les chiffres sont sidérants. Les statistiques dont nous disposons pour le premier trimestre 2009 sont nettement plus favorables. Nous assistons à un renversement de tendance. Que l'on observe les émissions obligataires d'Etat et, plus généralement, les émissions d'emprunts obligataires privés ou encore les émissions d'actions. Le retour est beaucoup plus rapide que ce qu'on pouvait envisager quelques mois plus tôt. Le problème reste dans les crédits bancaires, où le retour à la normale est plus lent. Les banques sont engagées dans un mouvement de réduction du coefficient multiplicateur de crédit. Mais la situation n'est pas aussi dramatique que redouté il y a trois mois. Les investisseurs sont Moins craintifs. De manière plus générale, les risques de crise de financement externe ont diminué. Nous n'aurons probablement pas à utiliser toutes nos nouvelles ressources. C'est plutôt une bonne nouvelle.
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Voyez-vous aujourd'hui des signes inquiétants sur les marchés financiers ?
Non. Je ne décèle, pour le moment, aucune bulle ou formation de bulle. Cela dit, quelle que soit la régulation qu'on met en place, la recherche du profit restera le moteur du comportement des opérateurs de marché. Il ne faut pas se faire d'illusions : la régulation ne sera jamais parfaite et il y aura d'autres excès. PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS BARRE ET RICH