ar Burton Frierson et Elizabeth Piper
NEW YORK/LONDRES/FRANCFORT (Reuters) - La Chine et la Norvège ont donné le coup d'envoi de ce qui s'annonce comme une nouvelle vague mondiale de baisse des taux d'intérêt, et les Etats-Unis devraient leur emboîter le pas dans la journée pour tenter à son tour de limiter les dégâts causés par la crise financière.
La Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d'Angleterre devraient suivre le mouvement dans huit jours à peine et le Japon pourraient entre-temps avoir assoupli sa politique monétaire pour la première fois depuis sept ans.
La Chine, qui semble constituer le dernier pilier de la croissance mondiale, a ramené son principal taux d'intérêt de 6,93% à 6,66%. La banque centrale norvégienne, elle, a réduit le sien d'un demi-point pour le ramener à 4,75%, confirmant la fin d'un cycle de hausse entamé il y a plus de trois ans.
De son côté, la Réserve fédérale américaine devrait abaisser ses taux d'au moins 50 points de base (un point de base=0,01%), ce qui ramènerait le taux des fonds fédéraux à 1%, au plus bas depuis juin 2004.
La perspective d'une telle vague a favorisé le rebond des marchés mardi et mercredi: les places européennes gagnaient plus de 6% dans l'après-midi tandis que Wall Street ne cédait que 0,2% sur des prises de bénéfice après un bond spectaculaire de près de 11% la veille. Tokyo avait auparavant fini en hausse de 7,74%.
Certains analystes soulignent toutefois que la remontée des indices boursiers pourrait être de courte durée en raison de l'intensité du ralentissement économique.
"Profitez de la fête tant que vous le pouvez !", résume David Buik, de Cantor Index à Londres.
De son côté Martin Feldstein, ancien président du National Bureau of Economic Research américain, a déclaré au quotidien allemand Die Zeit que les Etats-Unis étaient engagés dans une récession qui pourrait être la plus longue et la plus grave par ses conséquences depuis la Seconde Guerre mondiale.
NOUVEAUX PLANS D'URGENCE
La Banque du Japon envisagera la possibilité d'une baisse de ses taux lors de sa réunion de vendredi, selon une source proche du dossier.
Une telle détente monétaire de la deuxième économie mondiale reviendrait à "adresser au monde un message soulignant que le Japon coopère avec d'autres pays pour traiter la crise financière", explique Koichi Haji, chef économiste du NLI Research Institute à Tokyo.
La BCE, elle, pourrait ramener son taux de refinancement de 3,75% à 3,25% à l'issue de sa réunion du 6 novembre, estiment une grande majorité des économistes interrogés ces derniers jours par Reuters.
La Banque nationale suisse (BNS) a réalisé sa dernière opération au jour le jour au taux de 1,00% contre 1,25% ces dernières semaines. Et même si le taux Libor à trois mois en franc suisse reste, malgré un net repli, bien supérieur à son objectif, elle pourrait abaisser de nouveau ce dernier.
Mais pour certains pays, l'heure est toujours aux plans d'urgence, comme l'a rappelé mercredi l'annonce d'un accord entre le Fonds monétaire international (FMI), l'Union européenne et la Hongrie sur des aides à Budapest d'un montant global de 25,1 milliards de dollars (20 milliards d'euros).
L'Ukraine, elle, se voit pressée de dépasser ses divisions politiques pour adopter rapidement les textes et ouvrir la voie à l'aide de 16,5 milliards de dollars offerte par le FMI, sous peine de se trouver en défaut sur une dette tout en subissant une envolée de l'inflation.
La Biélorussie et le Pakistan pourraient aussi recevoir l'assistance du Fonds.
La Commission européenne va proposer de relever de 12 à 25 milliards de dollars le fonds d'aide d'urgence aux Etats membres de l'Union européenne, a annoncé le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia.
La Corée du Sud a pour sa part dû démentir les spéculations sur un éventuel appel à l'aide au FMI, mais elle a promis d'assouplir les règles sur les liquidités des banques pour réduire leurs coûts de financement.
Avec les bureaux locaux de Reuters, version française Marc Angrand