fo & Secteurs > Energie / Environnement > Actualité
Pétrole : l'Opep baisse sa production de 1,5 million de barils par jour
[ 24/10/08 - 13H46 - actualisé à 15:26:00 ] -
Cette réduction, qui interviendra à partir du 1er novembre, représente une baisse d'environ 5% de la production du cartel. La décision est vivement critiquée par Washington. Elle n'a pas empêché un nouveau repli du baril à Londres et à New-York.
AFP. Frédéric J.Brown |
Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont décidé vendredi de réduire leur production de brut de 1,5 million de barils par jour à partir du 1er novembre, a annoncé le ministre du Pétrole d'Arabie Saoudite, Ali al-Nouaïmi. Une baisse de production destinée à enrayer la chute du prix du baril, passé depuis juillet de près de 150 dollars à moins de 70 dollars ces derniers jours. Pourtant, elle n'a pas eu l'effet escompté puisque, après l'annonce de l'Opep, le prix du baril a repris sa chute.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre, coté sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, est tombé vers 11H30 GMT à 61 dollars exactement, un nouveau plus bas depuis mars 2007. Au même moment, le baril de "Light Sweet Crude" pour la même échéance a dégringolé à 62,85 dollars, un plus bas depuis mai 2007.
La conférence a décidé de baisser son plafond de production actuel "de 1,5 million de barils par jour pour le faire passer de 28,8 mbj à 27,3 mbj", a précisé le ministre saoudien. Il a ajouté qu'une deuxième baisse n'était pas envisagée ultérieurement pour l'instant et précisé que la baisse serait répartie proportionnellement entre les pays de l'Opep en fonction de leur niveau de production.
Cette réduction de 1,5 million de barils jour peut s'analyser comme un compromis entre la position soutenue par les "durs" du Cartel, dont l'Iran, qui militaient pour une réduction de 2 millions de barils par jour (mbj) et la position des pays modérés, défendue par l'Arabie saoudite et les pays du Golfe.
Cette décision a été diversement accueillie. Elle a été critiquée par la Maison Blanche qui, vendredi, l'a jugée "contraire à de bonnes règles de fonctionnement du marché"
Côté marchés, "cette décision n'est pas utile car les marchés sont très nerveux", a estimé Eduardo Lopez, senior analyste à la division marché pétrolier de l'Agence internationale de l'énergie. "La coupe est trop importante", a-t-il ajouté. "Nous restons préoccupés à propos des stocks pétroliers à l'approche de l'hiver, saison haute pour la demande énergétique et de chauffage en particulier", a pour sa part expliqué David Fyfe, principal analyste de l'AIE, à l'AFP par téléphone. "Nous espérons que toute réduction de l'offre ne va pas exacerber ce qui est déjà une situation très fragile de l'économie mondiale", a-t-il précisé. M. Fyfe a aussi souligné que les stocks pétroliers avaient certes progressé aux Etats-Unis mais que sur l'ensemble de l'Organisation pour la coopération et le développement économique, dont l'AIE dépend, ils se situent encore au niveau de cet été.
"Le marché est soulagé de cette baisse, qui coupe la poire en deux, pour des spéculations qui intégraient dans les cours une baisse entre 1 et 3 millions de barils", a estimé de son côté Veronica Smart de l'Energy Information Centre. "Couplé avec le regain du billet vert qui a marqué de nouveaux plus hauts impressionnants face à l'euro et à la livre sterling, ce sentiment donne un cadre propice à la persistance de la tendance baissière" ajoute-t-elle. Le regain de vigueur du billet vert a en effet tendance à éloigner les investisseurs des matières premières, libellées en dollars, vers lesquelles ils s'étaient précipités en début d'année.
Reste que la chute des cours du pétrole indique que cette décision n'a pas totalement rassuré les marchés. Les marchés estiment sans doute que la réduction de vendredi pourrait bien n'être que la première d'une longue série de baisses dans le cas où l'offre et la demande de pétrole ne parviendrait pas à se stabiliser à cause; notamment, de l'extension de la récession aux pays émergents. "Bien sûr, nous allons réduire la production, déclarait vendredi avant l'ouverture de la réunion, Rafael Ramirez le ministre vénézuélien du pétrole, il y a évidemment consensus au sein de l'OPEP pour une réduction immédiate cette année et pour un nouveau rendez-vous en décembre pour voir s'il y a lieu de procéder à une baisse supplémentaire au début de 2009.'' (source AFP)