La contrainte de rentabilité
C’est un moyen parce que le profit alimente l’autofinancement et facilite l’émission d’actions (l’entreprise est séduisante).
C’est un objectif parce qu’il ne sert à rien d’investir si le projet n’est pas rentable.
Acheter des équipements nouveaux c’est engager une dépense pour en tirer un profit.
La comparaison des recettes anticipées et des dépenses anticipées après actualisation [1] des deux séries de flux commande la décision : si la valeur actuelle des recettes futures dépasse la valeur actuelle des dépenses prévues, l’investissement est rentable.
Si l’entreprise a plusieurs projets, elle comparera les résultats de chacun d’eux et lancera en premier celui dont le profit escompté est le plus élevé.
L’économiste français Edmond Malinvaud propose de tenir compte de cette contrainte de rentabilité en la corrigeant pour intégrer un coût d’opportunité...
Lorsque les ressources financières de l’entreprise sont utilisées pour former du capital fixe, elles ne sont plus disponibles pour d’autres usages, par exemple des placements financiers.
Il y a donc un manque à gagner mesurable par le taux d’intérêt à long terme des marchés financiers (r).
La profitabilité est la différence entre le taux de rentabilité et le taux d’intérêt réel à long terme des marchés financiers.
Si la rentabilité attendue de l’investissement est inférieure à la rentabilité d’un placement financier sans risque la profitabilité est négative et l’investissement n’aura pas lieu.
Lorsque la profitabilité est forte, la formation brute de capital fixe est stimulée.
Investissements contre placements ?
Une profitabilité trop faible, en raison de taux d’intérêts réels élevés, décourage l’investissement physique, et peut inciter les entreprises à privilégier les placements financiers. Il y aurait alors éviction de l’investissement par les placements financiers.
Les observations empiriques, et les réflexions théorique, conduisent à penser qu’une partie des placements financiers est complémentaire des investissements physiques, de sorte que le niveau des taux d’intérêt jouerait principalement à travers son impact sur le coût du capital et pas sur la substitution entre placements et investissements.
Les prises de participation dans un but de croissance externe répondent à la même logique que l’investissement physique : assurer le développement de l’entreprise. Les entreprises qui investissent le plus en prises de participations externes sont aussi celles qui dépensent le plus pour leurs investissements physiques.
Emplois des ressources financières par les sociétés non financières
Bulletin de la Banque de France - mars 2007
La contrainte de rentabilité et l’effet de levier financier
La rentabilité économique (RE) du capital fixe est mesurée par le rapport de l’excédent brut d’exploitation au stock de capital fixe utilisé soit EBE / K.
La rentabilité économique augmente quand le taux de marge et/ou la productivité du capital augmentent.
La rentabilité financière (RF) est le rapport du bénéfice net distribuable aux fonds propres soit BN / FP.
On montre que : RF = RE + (RE - i) (EN/FP)
où i est le taux d’intérêt réel apparent.
Lorsque la rentabilité économique est supérieure au taux d’intérêt réel, l’endettement élève la rentabilité financière et inversement.
En période de taux d’intérêt réel élevé l’investissement est découragé et les entreprises se désendettent et inversement...
Pour voir une présentation plus développée de l’effet de levier d’endettement voir l’article dédié.
Pour une présentation des déterminants de la rentabilité économique voir l’article dédié.