Les pays européens plongés dans une profonde récession
[ 16/02/09 ]
Les pays européens ont subi fin 2008 une aggravation de la récession. Au dernier trimestre, le PIB de la zone euro a reculé de 1,5 % par rapport au précédent, soit un repli plus prononcé qu'aux Etats-Unis. 2009 s'annonce pire que 2008.
L'Europe s'enfonce dans la récession plus lourdement encore que prévu. Les résultats publiés à la veille du week-end montrent non seulement que la dégradation de l'économie s'est accélérée à la fin 2008 mais que 2009 s'annonce tout aussi sombre. La France et l'Allemagne, les deux piliers de la zone euro, ont subi la plus forte contraction de leur croissance depuis près de vingt ans. Tandis que dans l'Hexagone, l'activité s'est repliée de 1,2 % entre octobre et décembre derniers, l'Allemagne a vu son PIB décliner de 2,1 %, un record depuis 1990 et le choc de la réunification. Tous les moteurs de la croissance sont dans le rouge outre-Rhin, selon l'Office fédéral des statistiques, la chute des exportations se conjuguant à un fort ralentissement des investissements et de la consommation. C'est le troisième recul d'affilée du PIB allemand mais les trois derniers mois de l'année marquent une nette aggravation de la situation.
Aucun pays en Europe n'est épargné par la dépression : dans la zone euro, l'Italie a subi sur les trois derniers mois de l'année une chute de 1,8 % de son PIB, après une baisse de 0,6 % au cours des deux précédents. Comme en Allemagne, la dégradation est nette et s'explique par la simultanéité de la chute de son commerce extérieur et de sa demande domestique. L'Espagne et le Portugal sont tous deux entrés en récession au dernier trimestre, avec de très mauvais résultats, tandis que l'Autriche a enregistré pour la première fois un recul de sa croissance (- 0,2 % après une quasi-stagnation depuis le début de l'année).
Au total, la zone euro affiche une forte contraction de son activité avec - 1,5 %, selon Eurostat, sa plus mauvaise performance depuis la création de la monnaie unique, ramenant le chiffre global de la croissance pour 2008 à 0,7 %. « On peut s'attendre à ce que la consommation privée, l'investissement et les exportations aient reculé durant ce trimestre », assure Clemente De Lucia, économiste chez BNP Paribas, même si le détail des résultats ne sera connu qu'au début du mois prochain.
Réduction des taux
Si l'installation de l'Europe dans la récession ne surprend aucun économiste, c'est l'ampleur de la crise qui étonne parfois. Martin Van Vliet, de la banque ING qualifie ces chiffres d'« effrayants », et le fait qu'ils soient annoncés un vendredi 13 n'enlève rien à son inquiétude, d'autant qu'il note qu'ils sont pires que ceux de l'économie américaine, qui ne s'est contractée « que » de 1 % au dernier trimestre 2008. Les analystes n'ont plus de doutes sur une baisse - d'au moins un demi-point à 1,5 % - des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) lors de sa prochaine réunion début mars. « Le gros de la tempête pourrait être devant nous », indiquait il y a quelques jours le vice-président de la Banque centrale européenne Lucas Papadémos, annonçant un inévitable assouplissement. Certains économistes envisagent désormais une autre réduction des taux dans le courant du deuxième trimestre 2009. Car les perspectives sont loin d'être roses. « L'Europe devrait affronter de nouvelles contractions du PIB au cours de la première partie de 2009, prévoit Martin Van Vliet. Tout ce que l'on peut espérer, c'est que les résultats du quatrième trimestre 2008 constituent le point bas de la récession. » Mais l'ampleur du déstockage observé depuis le début de l'année de la part des entreprises fait pencher la balance du mauvais côté, selon lui. La contraction de la zone euro pourrait atteindre, selon lui, au moins 2,3 % cette année.