Croissance : les voyants passent au vert
10/08/2009 | Mise à jour : 22:51 |
La production industrielle est repartie à la hausse en mai et en juin. Le Figaro a identifié dix signaux qui plaident en faveur d'un redémarrage économique.
C'est peut-être le bout du tunnel pour l'industrie française : en juin, la production manufacturière a augmenté de 0,4 % par rapport à mai. Mieux, il s'agit du deuxième mois consécutif de hausse. Un signal encourageant, même si le «Made in France» est loin d'avoir retrouvé ses niveaux de l'an passé. La crise a été si violente l'hiver dernier que la production manufacturière française en juin 2009 est encore inférieure de 16,4 % à celle de juin 2008 !
La récente embellie doit beaucoup à la prime à la casse, instaurée dans de nombreux pays européens . «Ce système a profité aux petites cylindrées, une spécialité des constructeurs français», fait remarquer Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis. Résultat, la production automobile française a augmenté de 5,3 % en juin, après une hausse de 12,2 % en mai. Et, parallèlement, les exportations de voitures françaises ont crû de 4,8 % au deuxième trimestre. «En outre, partout dans le monde, les industriels sont en train de reconstituer des stocks qui étaient tombés très bas. Cela tire le secteur des biens intermédiaires. La production de la chimie française a, par exemple, progressé de 1,6 % en juin», ajoute Véronique Riches-Flores, chef économiste Europe à la Société générale. De fait, les points forts de l'industrie française - la pharmacie et les constructions aéronautiques, navales et ferroviaires - ont bien tenu en juin. Et dans les secteurs les plus liés aux cycles économiques comme l'emballage, le transport aérien, la grande distribution ou encore la publicité, on perçoit les premiers signaux positifs.
Sortie plus rapide de la récession
Dans ces conditions, avec une production manufacturière en hausse de 0,2 % et une consommation des ménages en augmentation de 0,7 %, le deuxième trimestre ne s'annonce pas si mal pour l'économie française. «On peut imaginer un retour à la croissance, avec une progression du PIB comprise entre 0 % et 0,1 %», précise Véronique Riches-Flores. Moins optimiste, Jean-Christophe Caffet table sur un recul du PIB de 0,25 %. Un chiffrage néanmoins supérieur aux dernières prévisions de l'Insee, calées sur une chute de l'activité de 0,6 % au deuxième trimestre, après le plongeon de 1,2 % au premier. Le verdict sera connu jeudi, avec la publication de la première estimation du PIB français entre mars et juin.
Et pour la suite ? La Banque de France table sur une stabilisation de l'activité au troisième trimestre. «Nous avons une prévision similaire. L'économie française profite de l'élan créé par les différents plans de relance mis en place dans le monde. Mais la production industrielle pourrait repartir à la baisse en 2010», explique Jean-Christophe Caffet. En cause : la fin des primes à la casse, même si le gouvernement français plaide pour une sortie progressive du dispositif.
Inquiétudes pour 2010
«Il n'existe pas de soutiens durables à la croissance», renchérit Véronique Riches-Flores. Il faut dire que la chef économiste a de sombres prévisions pour l'emploi : elle prévoit que le taux de chômage culminera à 11,1 % fin 2010. Le tout alors que les ménages ne pourront plus compter, comme aujourd'hui, sur des baisses de prix pour doper leur pouvoir d'achat. «L'inflation va repartir à la hausse dans le sillage des matières premières. Dès la fin de l'année, les prix pourraient progresser de 1,5 % en rythme annuel, alors qu'en juin ils étaient en baisse de 0,5 %», précise Véronique Riches-Flores.
Bref, si l'éclaircie est indéniable à court terme, la conjoncture française n'est pas à l'abri de l'arrivée de nouveaux gros nuages, à moyen terme.
Les 10 signaux positifs pour la France
1. Le moral des industriels s'améliore
2. La production d'acier redémarre
3. Les résultats d'entreprises sont meilleurs que prévu
4. Les ventes en grandes surfaces progressent
5. Le CAC 40 reprend des couleurs
6. L'automobile remonte la pente
7. La fréquentation du transport aérien se stabilise
8. L'emballage alimentaire rebondit
9. Les investissements publicitaires bruts repartent à la hausse