Pour l'OCDE, les pays riches renouent avec la croissance
Les prévisions pour les deux derniers trimestres et pour 2009 ont été revues à la hausse.
La prudence reste de mise. C'est en substance le message du dernier rapport de conjoncture de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE). Certes, la reprise est là, elle est plus précoce que prévu, mais elle sera aussi plus timide. Ainsi, les prévisions du troisième trimestre ont toutes été revues à la hausse pour les pays du G7 (+ 1,2 %).
La meilleure performance revient à l'Allemagne (+ 4,2 % en croissance trimestrielle annualisée), suivie des États-Unis et de la France (+ 1,6 %) et du Japon (+ 1,1 %). En revanche, l'Italie, le Royaume-Uni et le Canada affichent encore une croissance négative.
À la faveur de cette embellie, les résultats annoncés en juin pour l'année 2009 s'annoncent moins catastrophiques, en particulier pour les trois pays qui sont déjà sortis de la récession au deuxième trimestre : Allemagne (- 4,8 % contre - 6,1 %), la France (- 2,1 % contre - 3 %) et le Japon (- 5,6 % contre - 6,8 %). À noter en revanche une dégradation pour le Royaume-Uni. À l'appui de ces prévisions plus optimistes, les moteurs de l'économie montrent plusieurs signes d'amélioration.
Premièrement, le système financier est en voie de stabilisation avec un desserrement des conditions de crédit et une baisse du coût de l'argent. Deuxième facteur positif, la reconstitution des stocks, qui devrait entraîner à moyen terme une hausse de la production. Troisième bonne nouvelle, le commerce mondial, qui a chuté de 13 % depuis l'automne 2008, se stabilise, avec même une légère croissance au cours de l'été dans certains pays. Le dernier élément qui nourrit la reprise est le redressement des marchés immobiliers, en particulier aux États-Unis, où les ventes de maisons neuves reprennent et les prix arrêtent de chuter.
Une reprise «chaotique»
Ce panorama semble redonner confiance aux acteurs économiques. Le moral des ménages, même s'il reste très faible, se stabilise et celui des entreprises se reprend, notamment aux États-Unis. Voilà pour les notes optimistes. Il y a cependant quelques bémols.
Comme l'a souligné le chef économiste de l'OCDE, Jorgen Elmeskov : «Il est probable que la reprise sera chaotique, inégale.» La grande interrogation est la dégradation du marché de l'emploi qui risque de saper le moral des consommateurs. «La poursuite du chômage et la baisse de l'activité vont entraîner des pressions sur les salaires et sur les prix, a-t-il ajouté. Les ménages, tout comme les banques et les entreprises, ont encore beaucoup à faire pour reconstituer la santé de leur bilan.» L'investissement des entreprises reste encore à des niveaux très faibles.
Dans son rapport, l'OCDE juge nécessaire à court terme la poursuite des mesures de stimulation des pouvoirs publics. « Lorsque l'économie aura repris plus de vigueur, les pays devront assainir leurs déficits et réfléchir à des stratégies de sortie de crise crédibles », poursuit l'économiste.
Enfin, s'agissant de la politique monétaire, il faudra attendre mi-2010, et même au-delà, pour envisager une normalisation des taux d'intérêt, qui sont aujourd'hui à des niveaux exceptionnellement bas.