L'emprunt pourrait être étalé sur plusieurs années
03/09/2009 | Mise à jour : 00:30 |
Michel Rocard et Alain Juppé, coprésidents de la commission sur le grand emprunt, le 26 août à Paris. Crédits photo : LUDOVIC/REA
Divisé en plusieurs tranches, le futur grand emprunt permettrait de maintenir la crédibilité de la signature de la France sur les marchés.
Depuis le début, l'exécutif martèle que le montant du grand emprunt dépendra des besoins et des priorités définies par la commission coprésidée par les deux anciens premiers ministres, l'UMP Alain Juppé et le socialiste Michel Rocard. Le groupe d'experts doit rendre en novembre un rapport listant les investissements stratégiques pour construire la France de demain.
En attendant, le gouvernement refuse donc d'évoquer les modalités de cet emprunt. Et encore plus son montant : «Il faut d'abord avoir défini les priorités, le montant total que cela représente en investissement, la part qui sera mise par le public et celle par le privé, et enfin celle qui reviendra stricto sensu à l'État. C'est cette somme-là qu'il faudra emprunter», insiste une source gouvernementale. «Tout le reste n'est que littérature !», renchérit une autre.
Quelques jours après l'annonce de Nicolas Sarkozy, au mois de juin, du principe de cet emprunt, le chiffre de 80 ou 100 milliards d'euros avait commencé à circuler. Et avait immédiatement été jugé «trop élevé» par le premier ministre, François Fillon. «Jamais aucun pays, les États-Unis y compris, n'a emprunté 100 milliards d'un coup», note un expert.
D'où l'idée qui commence à germer de répartir la somme sur plusieurs années. «Je préférerai un emprunt, par exemple, de 100 milliards, 5 fois 20 milliards plutôt qu'en une seule fois», a déclaré le week-end dernier l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
«Ne pas faire n'importe quoi»
«Nous savons d'ores et déjà que la France ne peut pas en une seule année s'endetter massivement de façon supplémentaire, parce que son crédit aujourd'hui reste bon et, si on veut garder ce crédit, il ne faut pas faire n'importe quoi», a renchéri mercredi Alain Juppé, sur Canal +. « Aujourd'hui, nous empruntons sur les marchés à des taux avantageux et nous sommes situés au même degré de crédibilité que l'Allemagne. Il faut garder cette position. Ça veut dire qu'il ne faudrait pas charger la barque de plus de 20 à 25 milliards par an, d'où l'idée peut-être de faire plusieurs tranches annuelles. Cette idée mérite d'être approfondie», a-t-il ajouté.
Ce scénario d'un étalement de l'emprunt, Bercy est loin de l'exclure. «C'est une option sérieuse, notamment parce qu'il ne fait pas peser de risque sur l'État français», explique-t-on au ministère de l'Économie. À Matignon, on ne rejette pas non plus l'idée d'emblée, «à condition que les investissements qui seront retenus aient besoin d'être financés sur plusieurs années».
Cette solution serait en outre une moins mauvaise nouvelle pour la situation des finances publiques. Le gouvernement prévoit d'ores et déjà une envolée de la dette - qui dépassera largement les 80 % du PIB dès l'an prochain. Quant au déficit public, il pourrait être encore plus creusé que prévu, a prévenu cette semaine Christine Lagarde.