Les 3.000 gares françaises préparent leur révolution
Croquis d'architecte de la future gare TGV de Besançon.
Deux défis à relever et à financer : l'ouverture à la concurrence et l'accroissement du trafic.
Réunies depuis avril dans l'entité autonome Gares et Connexions (G & C) au sein de la SNCF, les 3 000 gares de France et de Navarre sont en train de faire leur révolution. De la gare du Nord, à Paris, la plus fréquentée, jusqu'aux plus petites stations de proximité. Elles n'ont pas vraiment le choix. L'ouverture à la concurrence sera effective en décembre sur les lignes internationales. Si aucun candidat n'est encore déclaré, d'autres transporteurs que la SNCF pourront dans les mois qui viennent faire rouler des trains sur les rails français. Les gares, comme c'est déjà le cas pour les aéroports, devront garantir à ces nouveaux opérateurs les mêmes prestations qu'à la SNCF. Le trafic va se densifier dans et autour des gares. Leur rôle futur dans le report modal, c'est-à-dire dans la gestion du passage d'un mode de transport à un autre, nécessite en même temps de repenser les espaces, tant pour gagner en efficacité qu'en rentabilité. Pour G & C, la révolution a un coût que son enveloppe annuelle de 300 millions d'euros - dont la moitié au moins est apportée par la SNCF - ne couvre pas entièrement.Un label «gare écologique»
Déjà, certaines gares sont au bord de la saturation, comme la gare de Lyon à Paris, ou celle de Lyon-Part-Dieu. D'autres le seront. La gare TGV de Rennes accueillera 20 millions de voyageurs en 2020, contre 10 millions aujourd'hui. Comme le souligne Sophie Boissard, la directrice générale de G & C, « on sort de plusieurs décennies de sous-investissement ».La mutation passe par une standardisation des services de base (information, espaces d'accueil et d'attente, consignes, toilettes). Par exemple, un système de paiement couplé, incluant le passage aux toilettes et un achat alimentaire, est envisagé afin de rééquiper certaines gares de toilettes qui ont été supprimées en raison des coûts de gardiennage. G & C va aussi systématiser son approche du bâti en termes de performance énergétique. En janvier prochain, la première gare restructurée aux normes HQE sera livrée à Achères (Yvelines). La première de taille significative sera celle de Besançon Franche-Comté, sur la future ligne du TGV Rhin-Rhône, fin 2011. Un label « gare écologique » sera bientôt créé pour accélérer ce processus.
Parallèlement, le potentiel de chaque mètre carré de gare va être jaugé. Comme les parkings, que G & C compte équiper d'abris solaires, mais surtout les espaces à vocation commerciale, encore sous-exploités. Les trente-trois premières gares françaises, qui concentrent la moitié des deux milliards de voyageurs annuels du rail, seront prioritaires. Des projets mêlant activités tertiaires (bureaux, centres d'affaires) et commerciales (magasins) doivent être relancés.
Une offre alimentaire devrait enfin voir le jour. « Nous discutons avec différents partenaires éventuels, des distributeurs et des foncières », indique Sophie Boissard. La SNCF a déjà doublé les recettes liées à ses activités non ferroviaires depuis 2002. Mais une marge de progression existe. Dans les grandes gares, la restauration représente actuellement 44 % des surfaces commerciales, contre 23 % dédiés aux commerces de textile et de cadeaux et 15 % pour la presse et la librairie. Un rééquilibrage au profit de nouveaux services plus en phase avec les besoins des usagers est envisagé. Les futures gares accueilleront des pharmacies, des pressings, voire des crèches.