La faiblesse du dollar inquiète l'Amérique
12/10/2009 | Mise à jour : 09:21
La faiblesse du billet vert provoque une remise en cause de chacun de ses privilèges exorbitants, en tant qu'instrument de mesure, de paiement et de réserve.
L'or au plus haut de son histoire, les pays exportateurs de pétrole qui agitent la menace de se faire payer dans d'autres devises, la Chine menant campagne sans relâche pour créer d'autres instruments de réserve où placer son épargne : le dollar est sur la sellette. Non seulement il est faible, ce qui tend à devenir une mauvaise habitude, mais ses privilèges exorbitants et sa place dans l'économie mondiale font désormais l'objet de remises en cause radicales. Car le billet vert n'est pas seulement la devise de la nation la plus importante par son produit intérieur brut (26 % du PIB de la planète). Il bénéficie de prérogatives, inscrites dans aucun texte international, mais qui sont le fruit de longues habitudes.Changes flottants
Certes, il ne joue officiellement plus aucun rôle de pivot, depuis l'abolition en 1971 du système de gold exchange standard. En 1944, les accords de Bretton Woods en avaient fait la seule devise convertible en or, les autres fixant leur taux de change par rapport au dollar. Cette prééminence, l'Amérique a dû y renoncer le 15 août 1971, conséquence de la guerre du Vietnam qui a miné ses finances. Pourtant, malgré l'adoption du système de changes flottants à partir du milieu des années 1970, qui a mis - théoriquement - toutes les monnaies sur un même pied d'égalité, le billet vert a gardé des fonctions exceptionnelles. Sous trois aspects. En tant qu'instrument de mesure, il demeure la monnaie de cotation pour la quasi-totalité des matières premières, de l'or au pétrole. Il est également l'étalon pour les prix de l'aéronautique, voire pour la plupart des produits de high-tech. Il en résulte que plus de 50 % du commerce international se font en dollars, premier moyen de paiement au monde. Quant à la troisième fonction d'une monnaie, qui est de garder la richesse, le billet vert est là aussi l'instrument roi : 62,8 % des réserves de changes des banques centrales de la planète sont placés en dollars (en bons du Trésor des États-Unis). Mais c'est un retrait par rapport aux 65 % du début d'année, vient d'annoncer le FMI.La constatation n'est donc pas seulement verbale, elle devient réalité. L'once d'or à 1 051 dollars exprime la défiance vis-à-vis de l'étalon. Et de même que l'euro avait été une réponse à l'instabilité du dollar des années 1970 et 1980, la constitution d'une zone monétaire asiatique, encore dans les limbes, serait un autre défi.