La BCE se décide pour de nouvelles mesures monétaires
[ 07/05/09 - 14H03 - actualisé à 16:01:00 ]
La banque centrale européenne ramène son principal taux à 1%. Elle est prête à racheter pour environ 60 milliards d'euros d'obligations sécurisées en euros pour aider l'économie. Elle va proposer aux banques des opérations de refinancement d'une échéance d'un an.
La Banque centrale européenne a réduit son principal taux directeur de 25 points de base, au niveau historiquement bas de 1%. En revanche, le taux de facilité de dépôt, c'est-à-dire le taux auquel sont rémunérés les dépôts des établissements bancaires au jour le jour, a été maintenu à 0,25%, pour ne pas pénaliser les banques. Quant au taux de crédit marginal, il est abaissé d'un demi-point, à 1,75%. Ce qui au bout du compte, permet de laisser inchangé l'écart - le "corridor" - entre les taux directeurs.
Ce nouvel assouplissement monétaire était largement anticipé par les économistes. C'est le septième depuis octobre, mois durant lequel le taux de refinancement plafonnait encore à 4,25%. De l'avis quasi général, cela devrait être le dernier, même si le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, assure que la question n'a pas été tranchée lors du conseil.
En revanche, les attentes se portaient plutôt sur la conférence de presse du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, et en particulier sur ses annonces en matière de mesures "non conventionnelles" que l'institut francfortois pourrait adopter. Alors que certains redoutaient de voir la BCE se limiter à une action sur les taux directeurs, Jean-Claude Trichet a indiqué que la banque centrale était prête à racheter pour environ 60 milliards d'euros d'obligations sécurisées en euros pour aider l'économie. Les modalités de ces achats seront dévoilées après la prochaine réunion du 4 juin. Ces obligations, équivalentes aux "pfandbriefe" en Allemagne, sont couvertes par des crédits hypothécaires ou des créances du secteur public et sont considérées comme relativement sûres.
Jean-Claude Trichet a expliqué que l'économie de la zone euro s'est détériorée au premier trimestre "nettement plus que prévu en mars". Ce qui devrait amener à une révision significative des prévisions économiques de l'institut en juin. La Commission européenne a dit en début de semaine s'attendre à une contraction de 4% du PIB en 2009. Néanmoins, Jean-Claude Trichet entrevoit quelques signes d'amélioration, comme la hausse inattendue des commandes industrielles allemandes en mars, annoncée ce jeudi.
Par ailleurs, la BCE va également élargir son arsenal d'appel d'offres et va proposer aux banques des opérations de refinancement d'une échéance d'un an, a annoncé le Français. La première de ses opérations, très attendues, sera annoncée le 23 juin. Cette décision vise à rassurer les banques, toujours allergiques aux risques, sur leur refinancement et à les encourager à prêter davantage.
Ces derniers mois, la Réserve fédérale américaine et la Banque d'Angleterre se sont déjà lancées dans des programmes d'"assouplissement quantitatif" consistant à augmenter la taille de leur bilan en achetant directement des actifs sur les marchés financiers. Jean-Claude Trichet se contentait jusqu'ici de souligner que l'institut francfortois était en réalité déjà engagé dans une voie "non conventionnelle", sous la forme d'injections massives de liquidité sur le marché depuis l'an dernier. Le contexte économique l'a, semble-t-il, obligé à aller plus loin.