L'évolution des marchés financiers captive et effraie de plus en plus les Français
[ 07/04/09 ] 4 commentaires
L'intérêt mais aussi la méfiance à l'égard des marchés ont atteint des records, selon le dernier baromètre TNS Sofres pour La Banque Postale et « Les Echos ». L'assurance-vie n'a pas été épargnée par la crise. Vis-à-vis de l'investissement en Bourse, comme pour d'autres projets, l'attentisme domine.
Je t'aime, moi non plus. » C'est le sentiment qui prévaut dans le grand public à propos de la Bourse. Avec les récentes turbulences financières, l'intérêt mais aussi la méfiance vis-à-vis des marchés n'ont jamais été aussi forts, selon le dernier baromètre TNS Sofres pour La Banque Postale et « Les Echos ». La crise aura eu le mérite de faire connaître la Bourse à une large population : plus d'un tiers des Français sont aujourd'hui captivés par l'évolution des indices et l'actualité des sociétés cotées. Ce chiffre marque un record depuis le lancement de cette enquête, à l'automne 2004. En particulier, 13 % s'y intéressent « beaucoup » contre 8 % en juin.
Malgré ce regain d'attention, la Bourse n'a pas vraiment la cote. Neuf sondés sur dix estiment les actions « risquées », à un niveau jamais vu. La prudence à l'égard des obligations s'est aussi raffermie : 77 % s'en inquiètent, contre 67 % il y a moins d'un an. 74 % jugent également les sicav et FCP risqués, soit 13 points de plus qu'en juin 2008.
Seulement un quart des sondés investiraient dans les valeurs mobilières s'ils avaient de l'argent à placer, ce qui représente un très net décrochage par rapport aux 46 % de la précédente enquête. Une minorité seulement (12 %) choisiraient les actions.
Projets dans l'immobilier
L'assurance-vie, bien que toujours dans le coeur des Français, n'a pas non plus été épargnée par la crise : elle a nettement reculé dans les intentions de placement (passant de 58 % à 49 %). Les contrats en « unités de compte » sont les plus touchés. De même, les sondés qui envisagent d'épargner au cours des trois prochains mois (51 %) veulent privilégier le Livret A ou le Livret bleu (50 %) ou d'autres supports comme les PEL (29 %) clairement devant l'assurance-vie (17 %) et le PEA (4 %).
Mais, si la crise a renforcé les craintes, elle n'a pas pour autant encore radicalement transformé les comportements. Les actionnaires n'ont, par exemple, pas définitivement fui la Bourse : le nombre de détenteurs de valeurs mobilières reste autour de 19 % de la population, à fin 2008, selon une autre enquête de TNS Sofres, ce qui représente une relative stabilité par rapport à 2007 (*) . Plus globalement, les remous récents n'ont finalement incité qu'une frange relativement réduite de la population à changer la manière de s'occuper de leurs placements : un cinquième des Français ont modifié leur gestion, en recherchant principalement la liquidité (46 %) et moins de risques (43 %).
En fait, les Français semblent dans l'expectative. Les craintes sur le pouvoir d'achat et les sommes parties en fumée en Bourse ou sur divers supports les incitent à un certain attentisme. En témoigne, le creusement de l'écart entre l'opportunité d'investir et le passage à l'acte : 36 % des actionnaires considèrent désormais le moment opportun pour venir sur le marché (soit 8 points de plus par rapport à juin) alors que seulement 19 % sont effectivement prêts à le faire. « La chute des marchés les conduit sans doute à penser que le rebond n'est plus très loin, mais les pertes les ont échaudés », souligne Michaël Pergament de TNS Sofres.
« Signe d'une moindre capacité financière et d'une prudence accrue, la tendance est similaire pour d'autres investissements », ajoute-t-il. Les projets dans l'immobilier ont atteint des points bas depuis plus de quatre ans, alors que, dans le même temps, le contexte est perçu comme de plus en plus favorable. Pour 43 % des sondés, il s'agit d'« un bon moment » pour acquérir sa résidence principale, soit une progression de 16 points par rapport à l'été dernier. Mais, par comparaison, seulement 8 % prévoient de le faire.