L'inflation au cœur des préoccupations des pays du G8
13/06/2008 | Mise à jour : 20:51 | Commentaires 1
Vendredi, à Osaka, les ministres des Finances du G8. Le dollar a gagné plus de 2 % en une semaine face à l'euro. AP Crédits photo : AP
Les prix élevés des matières premières sont un défi pour la croissance, affirment les ministres des Finances des pays les plus riches.
Derrière la flambée des prix du pétrole, quelle part de responsabilité faut-il attribuer à l'insuffisance de l'offre, à la spéculation et la grande faiblesse du dollar, monnaie de facturation sur le marché de l'or noir? Les ministres des Finances des pays du G8*, qui ont entamé vendredi à Osaka une rencontre de deux jours, parviendront peut-être à identifier le subtil dosage qui a fait s'envoler le prix du baril à près de 140 dollars il y a huit jours.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), à qui le communiqué final du G8 demandera très probablement de faire un effort pour calmer les inquiétudes des marchés, se dédouane en mettant en avant la spéculation. Quant au président du cartel, il a récemment chiffré qu'une baisse de 1% du dollar provoquait une hausse de 4 dollars du baril. Ce qui lui permettait logiquement d'enchaîner que «dans le cas d'une hausse de 10% du dollar, il y a fort à parier que le prix du baril dégringolera de 40 dollars».
Tous les pays consommateurs d'or noir, parmi lesquels la France par la voix de Christine Lagarde, saluent donc le récent durcissement de ton des autorités américaines à l'égard de la faiblesse de leur monnaie. Du président Georges Bush au secrétaire au Trésor Henry Paulson, en passant de manière très inhabituelle par le président de la Fed, Ben Bernanke, les déclarations s'enchaînent soulignant les dangers pour l'Amérique d'une monnaie trop faible. Le benign neglect (l'indifférence) a l'égard du billet vert a fait place à une sollicitude de tous les instants.
Chute de la confiance des consommateurs
Il faut dire que si le monde craint devoir supporter un baril à 200 dollars, l'Amérique qui importe largement ce qu'elle consomme, commence, elle, à subir les effets inflationnistes d'une monnaie très dépréciée. Publié vendredi, l'indice des prix en mai a grimpé de 0,6% aux États-Unis (0,2% hors alimentation et énergie), du jamais vu depuis six mois. Un bond qui n'est pas étranger à la chute de la confiance des consommateurs à son plus bas niveau depuis 28 ans, annoncée un peu plus tard dans l'après-midi. Les récents discours des autorités américaines ont permis au dollar de regagner plus de 2% en une semaine face à l'euro et au yen, ce qui ne s'était pas vu depuis environ trois ans, a calculé l'agence Bloomberg. C'est une première étape indispensable pour casser la spéculation à la hausse du cours des matières premières. Il est grand temps, affirment les grands argentiers, car, selon un précommuniqué du G8, «les prix élevés des matières premières, particulièrement ceux du pétrole et de l'alimentation, constituent de sérieux défis pour la stabilité de la croissance mondiale».
* États-Unis, France, Canada, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Russie.