La Grande-Bretagne toujours en récession
LONDRES (Reuters) - L'activité économique en Grande-Bretagne s'est contractée contre toute attente au troisième trimestre, réduisant à néant les espoirs d'un retour de la croissance, montrent des statistiques provisoires publiées par l'Office national de la statistique (ONS).
Le produit intérieur brut (PIB) britannique s'est contracté de 0,4% entre juillet et septembre, marquant un sixième trimestre consécutif de contraction, du jamais vu depuis le début de la collecte de ces statistiques en 1955.
La statistique a eu l'effet d'une douche froide. Les 35 économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une hausse de 0,2% du PIB et pas un seul d'entre eux n'avaient pronostiqué une baisse.
"Le chiffre du PIB au troisième trimestre est terrible et ne contient aucune note positive", déplore James Knightley, économiste à ING. "Ce qui est plus inquiétant, pour ce qui concerne la livre, c'est que le Royaume-Uni pourrait être la seule économie de premier plan à s'être contractée au troisième trimestre".
Alors que des élections nationales sont programmées d'ici juin prochain, la prolongation de la récession est un coup dur supplémentaire pour le gouvernement du Premier ministre Gordon Brown, malmené dans les sondages, d'autant que la France et l'Allemagne sont déjà sorties de la récession.
Le ministre des Finances, Alistair Darling, a réaffirmé que le projet de budget du gouvernement tablait sur un retour de la croissance entre la fin 2009 et début 2010 et souligné que le retrait des mesures de soutien à l'économie serait une "folie".
"Nous sommes confrontés à la plus grave crise financière mondiale et à la plus grave récession depuis 60 ans. Nous avons toujours dit que nous resterions prudents en raison des fortes incertitudes économiques", a-t-il dit.
Le marché a réagi de manière assez prévisible à ces chiffres. La livre a perdu plus d'un cent face au dollar et les contrats sur les gilts ont bondi, le marché estimant que la Banque d'Angleterre pourrait maintenant être contrainte de renforcer son programme d'assouplissement quantitatif pour faire revenir la croissance.
Par rapport au troisième trimestre 2008, l'activité économique a reculé de 5,2% alors que les économistes prévoyaient une baisse de 4,6%.
Les analystes avaient fondé leur prévision d'un retour de la croissance sur une série d'enquêtes économiques montrant un retour de la confiance des consommateurs et une amélioration de l'activité dans les services qui représentent les trois-quarts de l'économie britannique.
"Le plus frappant, c'est la contribution qui reste faible du secteur des services", souligne Stephen Lewis, économiste à Monument Securities.
L'activité dans le secteur des services s'est contractée de 0,2% au troisième trimestre.
Les analystes s'attendaient en revanche à des difficultés persistantes dans le secteur manufacturier et les chiffres de l'ONS l'ont confirmé. La production industrielle a diminué de 0,7% sur la période, portant son recul sur un an à 10,4%.
Version française Gwénaëlle Barzic