Berlin table officiellement sur une récession historique de 6 %
[ 30/04/09 ]
Le ministre de l'Economie a aligné, hier, ses prévisions 2009 sur celles des grands instituts, mais il escompte une reprise progressive et lente l'année prochaine, alors que les conjoncturistes attendent un nouveau repli du PIB.
DE NOTRE CORRESPONDANT À BERLIN.
Karl-Theodor zu Guttenberg, le ministre allemand de l'Economie, s'est aligné hier sur les prévisions catastrophiques des grands instituts de conjoncture : il attend désormais, pour cette année, une récession de 6 % du PIB, largement expliquée par un plongeon des exportations estimé à 18,8 %. Du jamais-vu depuis les années 1930. Le FMI escompte, pour sa part, un recul de la richesse nationale de l'ordre de 5,6 %. La précédente prévision officielle du gouvernement était une décroissance de 2,25 %.
Du coup, Berlin table sur 4,6 millions de sans-emploi, en moyenne, l'an prochain, après 3,7 millions en 2009. Le nombre de chômeurs était tombé sous la barre des 3 millions à l'automne 2008. Pour contrer les licenciements massifs, le gouvernement travaille à une extension du dispositif du chômage partiel. Le ministre du Travail, Olaf Scholz, pourrait annoncer très vite un allongement, de 18 à 24 mois, de la période pendant laquelle l'Agence pour l'emploi indemnise le manque à gagner des chômeurs partiels. Il pourrait aussi exonérer les employeurs des charges patronales sur les salaires à partir du 7e mois d'indemnisation, sans imposer d'obligation de formation des salariés, comme c'est le cas à actuellement.
Messages encourageants
Karl-Theodor zu Guttenberg a toutefois, aussi, voulu envoyer des messages plus encourageants. Selon lui, le PIB devrait progresser l'an prochain de quelque 0,5 %, grâce à une reprise très progressive de l'activité (0,1 % au premier trimestre, 0,2 % au deuxième, 0,3 % au suivant et 0,4 % au dernier). Les grands instituts prévoient eux une nouvelle récession l'an prochain, de l'ordre de 0,5 %, et le FMI escompte un nouveau repli de 1 % de la richesse nationale.
Le ministre de l'Economie justifie son - relatif - optimisme par la multiplication de signaux positifs, que ce soit le retour aux bénéfices de plusieurs grandes banques, la progression du climat des affaires, le ralentissement très fort de l'inflation, l'application progressive des mesures décidées dans le cadre des deux paquets conjoncturels. Les exportations pourraient se reprendre et progresser de 0,9 % en 2010. L'association des fabricants de machines-outils, une industrie clef, a annoncé hier que les commandes du mois de mars ont plongé de « seulement » 35 % par rapport à mars 2008. C'est certes calamiteux, mais moins qu'en février (- 49 % par rapport à février 2008).
Le gouvernement cherche par ailleurs à dynamiser une consommation des ménages qui, atone depuis presque une décennie, ne peut compenser le repli des exportations. Selon la presse allemande, la CDU, sous la pression de l'aile droite du parti et de ses alliés bavarois de la CSU, compte proposer dans son programme électoral, en vue des législatives, une grande réforme de l'impôt qui abaisserait le taux plancher de 14 % à 12 % et soulagerait aussi les revenus moyens. Le SPD, il y a dix jours, a lui aussi placé la fiscalité au coeur de son programme.