KOWEIT:SOMMET ARABE

Les pays arabes lancent leur premier sommet économique  

Arnaud Rodier, envoyé spécial à Koweït
19/01/2009 | Mise à jour : 07:19 | Commentaires  6 | Ajouter à ma sélection

Le ministre des Finances du Koweït, Mustafa al-Chamali, cherche à préparer la future croissance des pays arabes. Crédits photo : AFP

Le Koweït accueille les chefs d'État du monde arabe pour définir une politique économique et sociale commune.

C'est un sommet sans précédent qui s'ouvre lundi matin, pour deux jours, à Koweït. Pour la première fois de leur histoire, les chefs d'État et de gouvernement des pays arabes se retrouvent pour jeter les bases d'une politique économique et sociale commune. Un sommet qui se tient dans un contexte tendu, compte tenu de la guerre de Gaza. Mais, exception faite du roi du Maroc, les vingt-deux membres de la Ligue arabe ont répondu présent.

Cela fait deux ans que le Koweït prépare ce sommet. Et aujourd'hui, avec la crise financière, il prend tout son sens. Chute des prix du pétrole, effondrement des cours des Bourses, pénurie alimentaire mondiale... les pays arabes sont touchés de manières diverses.

L'or noir à moins de 40 dollars le baril, contre 147 dollars en juillet, fait trébucher l'Arabie saoudite, dont la croissance devrait tourner entre 0,5 % et 0,9 % cette année. «Une baisse des cours d'un dollar coûte entre 4 milliards et 10 milliards de dollars de pertes de revenu annuel aux pays arabes», estime l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Riyad, tout comme Oman et Dubaï, le paieront par des déficits budgétaires accrus. Or ces pays du Moyen-Orient abritent les fonds souverains les plus important du monde : 900 milliards de dollars pour les Émirats arabes unis, 200 milliards pour le Koweït, 60 milliards pour le Qatar. Des fonds majoritairement investis sur les marchés américains et européens dans lesquels ils n'ont plus confiance et qu'ils sont tentés de placer désormais dans la région.

Parallèlement, les États du Golfe, qui importent 60 % de leur nourriture, ont commencé à acheter des terres à l'étranger. Ils veulent en particulier pousser l'agriculture au Soudan, en Égypte, en Syrie, au Maroc, pour garantir leur sécurité alimentaire. Enfin, les pays arabes font face à d'importants problèmes de démographie et d'emploi. La population, estimée à 300 millions de personnes, va doubler dans les trente prochaines années alors que la région compte 60 millions de chômeurs et qu'il faudrait créer 80 millions de postes d'ici à 2020.

Vers une monnaie unique

Pendant le sommet de Koweït, un fonds de soutien doté d'un capital de 70 milliards de dollars devrait être lancé pour répondre à la crise et une ligne de crédit de 1 milliard de dollars débloquée pour aider le secteur privé. La création d'une grande zone arabe de libre-échange sera également abordée ainsi qu'un projet d'union douanière pour les années 2015-2020. En attendant, une union monétaire et une monnaie unique. Cinq des six pays du Conseil de coopération du Golfe - Oman s'est désolidarisé - la souhaitent aussi rapidement que possible. Le Koweït, dont le dinar, contrairement à ses voisins, n'est plus indexé sur le dollar, veut commencer à la mettre en place dès l'an prochain et souhaite élargir son utilisation. «Nous cherchons des outils pour répondre à l'impact de la crise sur les pays arabes, mais nous voulons surtout permettre à ces pays de préparer sereinement leur future croissance», résume le ministre des Finances du Koweït, Mustafa al-Chamali. Toute la difficulté de ce premier sommet économique consistera à se montrer concret et à ne pas se perdre dans les grandes théories.