Les principaux marchés mondiaux ont dévissé de 14% à 25% durant le mois, et de 30 à 40% depuis le début de l'année. Alors que les mauvaises nouvelles économiques s'amoncellent et que la communauté internationale tente d'élaborer des réponses à la crise, les yeux sont braqués sur l'élection présidentielle américaine de mardi.
AFP Chris Hondros |
Après un mois d'octobre des plus éprouvants, les marchés financiers restent inquiets en raison d'une avalanche de mauvaises nouvelles économiques et des incertitudes liées à la présidentielle américaine, le tout sur fond de demandes pressantes de profondes réformes.
Un peu requinquées vendredi, à l'exception notable de Tokyo qui a fini la séance à -5,01% (et dans une moindre mesure de Sao Paulo, la première d'Amérique du Sud : -0,52%), les places boursières mondiales s'apprêtent à vivre une semaine riche en inconnues.
La principale étant la conclusion, mardi, du duel électoral aux Etats-Unis, bien que les marchés tablent largement sur la victoire de Barack Obama, en tête dans les sondages, face à John McCain. Certains analystes n'hésitent pas à prédire que Wall Street, la première Bourse mondiale, risque de réagir négativement à l'arrivée à la Maison blanche d'un démocrate, favorable à un relèvement des taxes sur les plus-values, et pourrait inversement célébrer celle de son concurrent républicain.
La fin de la semaine promet également d'être agitée, avec la publication des chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis, attendus avec anxiété en liaison avec la crise financière historique que subit la planète.
Une avalanche de mauvaises nouvelles économiques
Car si la plupart des Bourses sont reparties à la hausse vendredi, au terme d'un "octobre noir", l'horizon économique continue de s'assombrir, avec une série de mauvais résultats d'entreprises et de plans sociaux, de grands noms de l'industrie et de la finance supprimant des milliers d'emplois. Dernier exemple en date, le groupe brésilien Vale, premier producteur mondial de minerai de fer, a averti que 2.300 personnes seraient mises en congé dès samedi, soit 4% de ses 62.600 employés.
Aux Etats-Unis, le nombre des suppressions d'emplois devrait dépasser le million en 2008, un chiffre inédit depuis 2005, pronostique le cabinet de reclassement Challenger, Gray et Christmas. Il faut dire que le produit intérieur brut américain s'est contracté de 0,3% au troisième trimestre et qu'il y a eu une réduction des dépenses des ménages américains en septembre, de 0,3% par rapport à août, la plus forte depuis juin 2004.
En Asie, la Banque du Japon a réduit à presque zéro ( 0,1%) sa prévision de croissance pour l'exercice 2008-2009 (avril à mars).
En Europe, le produit intérieur brut espagnol est en retrait de 0,2% par rapport au trimestre précédent. Les ventes de détail ont diminué plus que prévu en septembre par rapport à août (-2,3%) en Allemagne, pays où des milliers de salariés du secteur de la métallurgie ont commencé à débrayer en revendiquant une augmentation de 8% des salaires. Dans ce contexte de crise financière, les banques allemandes doivent abandonner leurs réticences et demander à bénéficier du plan de sauvetage mis à leur disposition par l'Etat, a plaidé la chancelière Angela Merkel. Les gouvernements européens se sont entendus pour accorder aux constructeurs automobiles, fragilisés par la crise, un délai supplémentaire de trois ans, jusqu'en 2015, pour restreindre la pollution des voitures.
Et ils sont désormais quatre cette année à obtenir l'examen par le Fonds monétaire international (FMI) d'un prêt destiné à faire face à la crise : l'Islande, les Seychelles, la Hongrie et l'Ukraine, dont le Parlement a adopté un plan de sauvetage réclamé par le FMI pour l'octroi d'un crédit de 16,5 milliards de dollars. En outre, une délégation commune du Fonds monétaire international et de la Banque Mondiale se rendra lundi à Bucarest afin d'"évaluer le système financier roumain".
Le Premier ministre britannique Gordon Brown va, lui, tenter de convaincre les pays du Golfe d'utiliser leurs ressources financières pour soutenir les pays frappés par la crise, à l'occasion d'une tournée entamée samedi dans la région.
Bourse, pétrole, devises soumis à rude épreuve
Sur la semaine écoulée, à New York, le Dow Jones a rebondi de 11,29%, à 9.325,01 points. Francfort a terminé vendredi à 2,44%, Paris à 2,33%, Londres à 2%. La Bourse de Ryad, la plus importante par sa capitalisation du monde arabe, a achevé en fanfare la séance de samedi ( 6,02%). Au total, le Dow Jones aura dévissé en octobre de 14%, un peu moins que les principales places boursières européennes (jusqu'à 17%), et bien moins que les 25% à la Bourse de Tokyo, qui sera fermée lundi pour cause de jour férié. Le Nasdaq, à forte composante technologique, et l'indice élargi Standard and Poor's ont eux aussi cédé du terrain, respectivement 18% et 17%, sur le mois. Depuis le début de l'année, les grandes Bourses mondiales ont plongé de 30 à 40%.
Dans le même temps, les cours du pétrole sont repartis à la baisse à Londres, le baril de Brent se repliant de 2,19 dollars à 61,52 dollars, alors qu'à New York, le baril était à 67,81 dollars, en hausse de 1,85 dollar. La retombée des prix de l'"or noir" a d'ailleurs contraint l'Irak à fixer le budget 2009 à 67 milliards de dollars, contre 80 milliards prévus l'été dernier.
Quant à l'euro, il s'affaissait de nouveau face au dollar, à 1,2751 dollar vendredi vers 22H00 GMT, contre 1,2913 dollar jeudi soir. Mercredi, la réserve fédérale américaine a abaissé d'un demi-point, à 1,0%, son principal taux directeur et la Banque du Japon a réduit le sien vendredi de 0,20 point, à 0,30%. La banque centrale indienne leur a emboîté le pas samedi, ramenant de 8% à 7,50% l'un de ses taux d'intérêt à court terme. La Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d'Angleterre ont laissé entendre qu'elles pourraient à leur tour assouplir prochainement leur politique monétaire. Mais les Etats-Unis atteignent les limites de leurs possibilités dans ce domaine avec des taux directeurs s'approchant de zéro, avertissent les experts.
Parallèlement, les appels à une réforme radicale du système financier international se multiplient. Ainsi, les chefs d'Etat et de gouvernement de la communauté ibéro-américaine souhaitent un sommet mondial "d'urgence" à l'ONU pour en débattre. En Russie, où les particuliers, inquiets, ont nettement réduit leurs dépôts bancaires en roubles au profit de ceux en devises étrangères, les autorités ont décidé de sensiblement augmenter l'emprise de l'Etat sur l'économie, même si elles assurent que cette volte-face aura un caractère temporaire. (Source AFP