Bruxelles veut redistribuer
les aides agricoles
21/05/2008 | Mise à jour : 09:56 |
Le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, et la commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, mardi, à Bruxelles. Crédits photo : AP
La Commission propose de revoir le régime des aides aux agriculteurs. Le ministre français de l'Agriculture juge que certains points du projet ne sont«pas acceptables en l'état».
Le mot «réforme» n'est pas sorti une seule fois de la bouche de Mariann Fischer Boel. En présentant, mardi, le bilan de santé de la politique agricole commune (PAC), la commissaire européenne à l'Agriculture a simplement évoqué la «modernisation», la «simplification » et l'«adaptation» de l'agriculture européenne au marché. Alors que le spectre de la crise alimentaire se profile dans de nombreux pays et que les prix des céréales et du lait s'envolent, Bruxelles, avec toute la froideur du législateur, a parlé de suppression de la jachère, de hausse des quotas laitiers et de découplage, autant d'instruments capables, selon la Commission, d'augmenter la production et de faire baisser les prix.
C'est donc un long catalogue de mesures, censées s'appliquer de 2009 à 2013, que les 27 États membres devront négocier sous la présidence française, chaque capitale apportant son lot de revendications.
Londres et Berlin s'opposent au plafonnement des aides, qui pourrait pénaliser les grandes coopératives agricoles héritées de l'ex-RDA ou les richissimes exploitations britanniques.
Quant à la France, elle ne s'inquiète pas seulement du sort des éleveurs de montagne. «Certains points de la proposition ne sont pas acceptables en l'état», a déclaré mardi Michel Barnier, ministre de l'Agriculture. La France s'oppose notamment au démantèlement du mécanisme d'aides aux prix et au découplage des aides à la production. La FNSEA a clairement marqué mardi son opposition aux «principales propositions» de Bruxelles.
Six mois pour ficeler le dossier
La véritable réforme agricole aura lieu à partir de 2013, en même temps que la négociation du budget à long terme de l'Union européenne. Elle ne sera pas technique mais financière. La politique agricole commune absorbe à elle seule près de 40 milliards de fonds communautaires, un pactole que plusieurs États membres souhaitent amputer. La Grande-Bretagne, qui n'a jamais accepté l'idée de financer les agriculteurs européens, a cherché, il y a quelques jours, à déclencher ce débat. Mais mardi, Mariann Fischer Boel l'a sèchement clos. «La PAC est vitale pour nos campagnes» , a déclaré la commissaire. «Il faut éviter de débuter par la question budgétaire» , a renchéri Stéphane Le Foll, membre de la commission agriculture du Parlement européen. La France, qui nourrissait de grandes ambitions pour sa présidence, aura largement le temps, en moins de six mois, de ficeler ce premier dossier.