Pétrole : la barre des 135 dollars est franchie
22/05/2008 | Mise à jour : 12:32 | Commentaires 44
Le prix du baril de pétrole a dépassé mercredi pour la première fois les 135 dollars dans les échanges asiatiques. L'Agence Internationale de l'Energie s'apprêterait à revoir à la baisse ses prévisions de production.
Nouveau palier pour le pétrole. Un jour après celle des 130$, la barre des 135$ le baril vient de tomber à Singapour. A Londres, le brent a lui aussi franchit ce niveau en atteignant 135.14$ le baril. En cause cette fois-ci, des rumeurs véhiculées par le Wall Street Journal évoquant une possible baisse de la prévision de production mondiale de brut par l'Agence Internationale de l'Energie. Celle-ci essaie actuellement d'évaluer l'état des 400 plus grand champs mondiaux.
Le Wall Street Journal croit savoir qu'un rapport à paraître en novembre pourrait révéler une baisse drastique des prévisions globales d'approvisionnement. Les dernières estimations de l'AIE faisaient état d'une production de pétrole avoisinnant les 116 millions de barils par jour en 2030. Or, toujours selon le quotidien des affaires, l'AIE doute désormais de la possibilité d'une production supérieure à 100 millions de barils par jour dans les deux prochaines décennies, du fait de l'âge des champs et la diminution des investissements. Une perspective guère réjouissante sur le long terme, d'autant que la Russie l'un des premiers exportateurs de pétrole au monde avec l'Arabie Saoudite voit sa production décliner depuis 4 mois.
Des tensions sur le court terme
A plus court terme, les stocks américains de pétrole brut ont enregistré la semaine dernière une baisse inattendue et marquée, en raison notamment de l'augmentation de l'activité des raffineries, montrent les chiffres publiés mercredi par l'Agence américaine d'information sur l'énergie. Lors de la semaine achevée le 16 mai, les stocks de brut ont fondu de 5,4 millions de barils à 320,4 millions de barils, alors que les analystes attendaient une hausse de 300.000 barils.
Aucune geste n'est par ailleurs à prévoir, semble-t-il du côté des pays producteurs. Lundi, le ministre algérien de l'Energie et actuel président de l'Opep Chakib Khelil, avait déclaré, lors d'une rencontre organisée par le quotidien gouvernemental El-Moudjahid, qu'il «n'y aura pas de changement dans la production de l'Opep avant la réunion de septembre». D'après l'homme fort du cartel pétrolier, une décision concernant les quotas de production sera prise «au cours de cette réunion», même s'il ne s'attend pas à une révision à la hausse de la production pétrolière, car «les prix du brut ne sont plus liés à la loi de l'offre et la demande». De plus, selon les 13 pays membres de l'Opep, les marchés pétroliers sont bien approvisionnés et les stocks de brut et d'essence sont estimés à de bons niveaux.
L'effritement du dollar, monnaie dans laquelle est vendu le brut, contribue également à cette envolée des prix. L'euro s'échangeait à plus de 1,57 dollar mercredi, contre 1,56 la veille.
De nouvelles craintes alimentent également cette frénésie sur l'or noir. Le blocage d'un dépôt de carburant par des pêcheurs - qui réagissent eux même à la hausse des prix du pétrole - et l'annonce d'un mouvement de grève pourrait en effet affecter les approvisionnements du deuxième port européen d'hydrocarbures, celui de Lavera-Fos, près de Marseille, avec ses 62,5 millions de tonnes transbordées par an.
Lundi, le raffineur Holly Corporation avait par ailleurs annoncé qu'une unité d'une de ses raffineries dans l'état du Nouveau Mexique (ouest des Etats-Unis) avait été temporairement fermée pour des travaux, qui devraient prendre plusieurs jours. Cette fermeture devrait réduire sa production de 55.000 barils par jour.