El Niño est de retour après trois ans d'absence.
Jeudi 9 juillet, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a annoncé que cet événement climatique, qui revient tous les trois à cinq ans, était bel et bien de nouveau à l'oeuvre dans le Pacifique tropical. Les chercheurs de la NOAA ne se prononcent pas encore sur son intensité mais assurent qu'il d
El Niño est la phase chaude d'une oscillation couplée de l'océan et de l'atmosphère. Il a été baptisé ainsi au XIXe siècle par les pêcheurs péruviens, qui remarquaient ses effets au moment de Noël - en espagnol, El Niño signifie l'enfant, en référence à la nativité.
Il est caractérisé par une augmentation des températures du Pacifique tropical qui peut atteindre 5 oC - comme ce fut le cas en 1998, au cours du Niño le plus intense jamais enregistré. Ce réchauffement s'accompagne d'une série d'effets parfois catastrophiques pour les populations rurales, de l'Amérique du Sud à l'Australie en passant par l'Asie du Sud-Est.
Des précipitations accrues dans certaines régions d'Argentine ou du Brésil perturbent les récoltes et provoquent parfois de meurtrières coulées de boue. En Indonésie et en Australie, ce sont des sécheresses parfois dramatiques qui sont enregistrées. Aux Etats-Unis, El Niño est susceptible de favoriser de violentes tempêtes hivernales en Californie et dans le sud du pays.
D'autres effets, plus subtils, ont des conséquences non moins redoutables : l'augmentation de la température des eaux de surface du Pacifique tropical entrave la remontée des eaux profondes riches en nutriments. Du coup, au large des côtes péruviennes et chiliennes, les planctons cessent de prospérer, les poissons qui s'en nourrissent aussi. La fragilisation de toute la chaîne alimentaire induit une forte réduction des prises de pêche.
Les effets en cascades ne s'arrêtent pas là : la réduction de l'activité biologique dans l'océan entraîne la réduction des populations d'oiseaux de mer, d'où une fragilisation momentanée de l'industrie du guano - prélevé pour être transformé en fertilisants agricoles...
Cependant, "contrairement à une croyance populaire, tous les effets d'El Niño ne sont pas négatifs", explique la NOAA dans son communiqué. Il "procure des précipitations hivernales bénéfiques dans le sud-ouest aride" des Etats-Unis et "réduit les risques d'incendies en Floride".
Depuis quelques années, le monde financier s'intéresse de près à la prévision d'El Niño : celui-ci peut permettre d'anticiper les évolutions à moyen terme des cours de certaines matières premières.
Par exemple, le "courant de l'enfant Jésus" procure des hivers doux sur l'Amérique du Nord et réduit l'activité cyclonique dans le bassin atlantique. Ces deux effets devraient faire baisser les tensions sur les marchés des énergies fossiles : les hivers doux sont peu propices à d'importantes dépenses de chauffage et la réduction des cyclones sur l'Atlantique devrait prémunir les infrastructures pétrolières du Golfe du Mexique contre les destructions et, partant, la réduction des capacités de raffinage américaines.
Au plan climatique, l'irruption du Niño devrait faire grimper les températures moyennes globales de l'année en cours : certains s'attendent à une année 2009 bien placée au palmarès des années les plus chaudes.