Les grands de ce monde, réunis en fin de semaine dans différents sommets à la composition changeante à L'Aquila (Italie), ont à nouveau accouché d'engagements creux qu'ils s'empresseront d'oublier aussitôt retournés dans leurs capitales respectives. Pourtant, il faut souhaiter que leur volonté de conclure enfin, en 2010, les négociations commerciales internationales entamées il y a huit ans à Doha, se traduise dans les faits.
On pouvait certes s'attendre à ce que les dirigeants des principales puissances économiques s'accordent sur l'idée que céder à la tentation protectionniste au prétexte de lutter contre la crise aurait pour effet d'aggraver la récession mondiale. Là-dessus, tout le monde est d'accord tant qu'on en reste aux grands principes. Pour l'instant, la réalité s'accorde d'ailleurs à ces proclamations vertueuses : rares sont les pays qui sont passés à l'acte. Pourtant, la menace protectionniste est réelle, et la tentation semble grande, ici ou là, d'y recourir.
Mais c'est surtout le changement du contexte politique qui peut inciter à un optimisme raisonné sur l'avenir des négociations de Doha. Celles-ci avaient achoppé il y a un an sur l'opposition frontale entre les Etats Unis et l'Inde à propos, notamment, des échanges de sucre et de coton. Mais les élections qui ont eu lieu depuis dans les deux pays ont installé au pouvoir des dirigeants plus enclins au compromis.
Certes, l'Europe et les pays émergents se demandent encore si le président américain Barack Obama a vraiment fait du commerce international une de ses priorités - il en a en effet défini bien d'autres, sur le plan intérieur, dès les premiers mois de son mandat. Mais l'espoir est que le prochain sommet du G20 - devenu le véritable forum où se discute l'avenir de l'économie mondiale -, qui doit se tenir à Pittsburgh (Pennsylvanie) en septembre, sera l'occasion d'un coup d'accélérateur important. M. Obama, qui a un intérêt évident au succès du premier sommet dont il sera l'hôte, aura peut-être fait évoluer d'ici là sa réflexion sur le commerce international.
Il y aurait quelques bonnes raisons à cela. Les échanges internationaux vont diminuer de 10 % en volume en 2009, selon l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les financements, eux, se tarissent, et les plans de sauvetage bancaires des pays riches ont aujourd'hui pour effet d'aggraver le problème en contraignant les établissements bancaires à se replier sur leur territoire national. Enfin les pays du G20 ne semblent pas pressés de débourser les quelque 250 milliards de dollars (180 milliards d'euros) de crédits dont ils avaient décidé le principe en avril à Londres. D'ici à septembre, l'urgence de passer des promesses aux actes devrait être claire pour tout le monde...