[ 13/07/09 - 16H57 - Reuters ]
MUNICH, Allemagne (Reuters) - Il faudra sans doute du temps avant que les injections de liquidités massives opérées par la BCE se concrétisent en une croissance du crédit bancaire, a déclaré le président Jean-Claude Trichet.Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a rappelé aux banques que leur tâche consistait à prêter aux entreprises et aux particuliers mais il a admis qu'elles devaient encore absorber le montant sans précédent de 442 milliards d'euros de fonds à un an injecté à la fin juin.
S'exprimant lundi lors d'un séminaire, Trichet a cependant ajouté: "Je mets en garde contre une idée répandue et malencontreuse suggérant qu'il est trop tôt, ou même totalement inopportun, d'envisager des stratégies de sortie de crise appropriées. Une telle position est, dans mon opinion, complètement fausse".
Ces commentaires s'inscrivent dans un débat international pour préparer cette sortie et sur fond d'inquiétudes des responsables de la zone euro sur l'atonie persistante des crédits à l'économie réelle.
Trichet a également insisté sur la nécessité de traiter le problème des actifs toxiques dans les bilans bancaires pour que le flux du crédit se rétablisse normalement aux Etats-Unis et dans la zone euro.
Si les apports de liquidité de la BCE ont pour but d'encourager les banques à prêter, "il faudra sans doute du temps, toutefois, pour que cette liquidité supplémentaire se traduise en crédit", a déclaré Trichet, observant que les dépôts à 24 heures auprès des guichets de la banque centrale avaient monté en flèche.
"Il faudra que les banques prennent de l'expérience dans l'usage des crédits à long terme qu'elles obtiennent auprès de la banque centrale pour développer leurs actifs à long terme plutôt que la disponibilité d'une liquidité à court terme. Nous rappelons aux banques leur responsabilité qui est de continuer à prêter aux entreprises et aux ménages à des taux et volumes adaptés".
EN TERRITOIRE INEXPLORÉ
Trichet a également dit qu'il était persuadé que les achats d'obligations sécurisées par la BCE serait d'un bon soutien pour les marchés. La BCE a jusqu'à présent annoncé 66 millions d'euros d'achats sur un programme total de 60 milliards.
"Le programme d'achats a débuté la semaine dernière et sera poursuivi progressivement, s'étendant largement l'an prochain", a expliqué le président de l'institut d'émission.
"Nous observons déjà plusieurs émissions nouvelles d'obligations sécurisées et un degré de compression des spreads sur cet important segment, ce qui pourrait avoir également une influence sur d'autres marchés financiers".
L'économie mondiale est toujours "en territoire difficile et inexploré", a également déclaré Jean-Claude Trichet, en réaffirmant que la baisse d'activité se poursuivrait jusqu'à la fin de l'année mais à un rythme nettement moindre qu'au premier trimestre.
"Pour l'an prochain, après une période de stabilisation, une reprise progressive avec des taux de croissance trimestriels positifs est attendue d'ici la mi-2010", a ajouté le président de la BCE.
"C'est notre hypothèse de travail à ce stade. Les plans de relance importants dans les principales zones économiques devraient soutenir la croissance un peu partout dans le monde, y compris dans la zone euro", a-t-il expliqué.
Sakari Suoninen, Krista Hughes, version française Wilfrid Exbrayat et Stanislas Dembinski