Auto : une double révolution
[ 02/06/2009 - 10h03 ]
Révolution dans l’automobile américaine et européenne ce week-end. Une telle succession d’événements est rare en si peu de temps. En quatre jours, il y a eu quatre faits majeurs.
Le premier, c’est la décision du gouvernement allemand de remettre les clés d’Opel à un consortium canado-russe. La seconde, c’est la direction de Chrysler confiée à Fiat. Le troisième, c’est la faillite officielle, hier, de General Motors, GM, dont les marques ont tellement marqué le monde, Buick, Cadillac, Chevrolet. Et le quatrième événement, c’est le changement de pilote, ce matin, chez PSA Peugeot Citroën.
Ce qui est frappant, c’est qu’il s’agit à la fois de la fin d’une époque et d’un certain nombre de tabous.
C’est d’abord une histoire qui prend fin - en tous cas à court terme - celle qui associe l’automobile américaine au succès, au rêve. Depuis quelques années, elle va d’échec en échec. La page de la supériorité américaine, qui a marqué le vingtième siècle dans ce secteur, est peut-être tournée. C’est aussi la mort d’une certaine forme de capitalisme, y compris dans les modes de production, qui n’a pas su s’adapter à la concurrence et aux aspirations des clients. Pourquoi la fin de tabous ? En 2008, un premier tabou était tombé, celui de la place de numéro un mondial de General Motors, battu par Toyota après 77 ans de règne. Il y a trois mois, un autre tabou était tombé, cette fois en Chine, où il y a désormais plus d’immatriculations de véhicules qu’aux Etats-Unis. Mais la nationalisation de GM est encore plus frappante. Cela confirme le pragmatisme des Américains, de Barack Obama bien sûr, mais aussi le rôle considérable de l’Etat qui dépense 50 milliards de dollars. A noter que la crise de GM est bien antérieure à la crise actuelle, et qu’on ne sait pas ce qui se serait passé il y a deux ans.
Si on parle de la France, c’est un autre tabou qui tombe, cette fois chez PSA. Dans une interview aux « Echos », Thierry Peugeot, qui représente la famille actionnaire et qui s’exprime très rarement, fixe la feuille de route de Philippe Varin, le nouveau patron opérationnel. Pour la première fois, il indique que la famille est prête à rapprocher PSA avec un autre constructeur. Lequel ? Hier, la Bourse a cru à un mariage avec Fiat mais c’est une vieille rumeur. En tous cas, PSA, une superbe entreprise, se sait trop petit et trop européen.
Le grand mécano ne fait donc que commencer.
Tout cela, ce sont de premières étapes. Il y en aura d’autres. Certaines seront douloureuses : tous les groupes, qui se sont complètement « plantés » sur les ventes de voitures et ont des surcapacités incroyables aujourd’hui, prévoient des suppressions de postes. Mais d’autres seront prometteuses aussi : il est difficile de savoir, à vrai dire on en doute un peu, si GM a encore un avenir, si Fiat arrivera à redresser Chrysler, mais des rapprochements, des fusions, vont avoir lieu, c’est sûr.
Reste à savoir quelle place aura la voiture demain.
Au niveau mondial, imaginer que la place de la voiture va reculer est une blague. Pour 1.000 habitants, il y a 800 voitures aux Etats-Unis, 400 en Europe et 24 en Chine. Il y a de la marge. En revanche, sa place et son statut dans les pays développés, au-delà d’évidences sur la voiture verte, est une vraie question.