FANNIE&FREDDIE, LE MONDE, EDITORIAL

'annonce, dimanche 7 septembre, par le secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson, de la mise sous tutelle publique des deux géants du crédit hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, est une nouvelle illustration de l'ampleur de la crise immobilière et financière que traverse la première puissance économique du monde. Elle montre qu'une administration, même républicaine, sait tourner le dos à l'idéologie et faire preuve de pragmatisme quand la situation l'exige.

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Eclairage Les enjeux de la mise sous tutelle publique de Fannie Mae et Freddie Mac
Bien sûr, les apparences sont sauves. Il ne s'agit pas d'une vraie nationalisation. Pour minimiser tout risque de polémique, il n'y aura pas immédiatement d'apport massif de capitaux aux deux établissements. L'Etat fédéral les renflouera au fur et à mesure de leurs besoins. Les deux candidats à la présidentielle, le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain, ont aussitôt approuvé. Reste que la facture s'annonce tout de même très salée pour le contribuable : il paiera les dizaines de milliards de dollars nécessaires au renflouement des deux institutions, dont les encours atteignent 5 400 milliards de dollars.

Mais ce n'est pas une première. Contrairement aux discours républicains et parfois démocrates, les gouvernements américains oublient volontiers les préceptes de l'économie de marché et se portent au secours des entreprises privées quand les risques pour l'ensemble de l'économie deviennent trop grands. Les exemples ne manquent pas. De Richard Nixon, renflouant Lockheed, à Jimmy Carter, sauvant Chrysler, en passant par les 15 milliards de dollars apportés par l'administration Bush aux compagnies aériennes, au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, et à l'aide accordée, il y a à peine plus de six mois, à la banque d'affaires Bear Stearns.

La mise sous tutelle de Fannie Mae et Freddie Mac s'apparente plus au sauvetage des Caisses d'épargne à la fin des années 1980, victimes elles aussi d'une crise immobilière de grande ampleur qui avait provoqué la faillite de plus de 2 000 banques aux Etats-Unis. Le renflouement avait coûté 124 milliards de dollars aux contribuables, mais permis à l'économie américaine de rebondir. La facture du sauvetage de Fannie Mae et Freddie Mac pourrait être encore supérieure, mais, si le résultat est le même, personne ne s'en plaindra.