Les Etats-Unis en passe d'approuver un vaste plan de sauvetage de l'immobilier
[ 23/07/08 - 17H59 ]
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Un plan Marshall à usage interne, c'est ce à quoi fait penser le plan que les Etats-Unis sont sur le point d'adopter pour sortir de la crise du secteur immobilier. Ce plan joue sur deux tableaux à la fois, en volant au secours des emprunteurs mais aussi des organismes de refinancement hypothécaires qui se sont retrouvés dans l'oeil du cyclone ces dernières semaines.
Ce plan de sauvetage, que la presse américaine présente comme le plus ambitieux des 25 dernières années, devait être examiné mercredi par la Chambre des Représentants avant d'être soumis au vote du Sénat, sans doute d'ici la fin de la semaine, puis au président George W. Bush pour signature.
L'un des obstacles majeurs à son adoption est tombé mercredi matin après que la Maison Blanche eut abandonné une menace de veto, qui aurait bloqué in fine l'entrée en vigueur du texte. "Nous pensons que ce n'est pas le moment de s'éterniser dans une bataille autour d'un veto, même si nous sommes sûrs que le président réussirait à l'imposer", a affirmé la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino. La Maison Blanche s'opposait en effet à une disposition qui accorde près de 4 milliards de dollars aux collectivités locales pour racheter des logements saisis, voyant dans cette mesure un cadeau aux banques et aux courtiers hypothécaires.
Le plan de sauvetage, provoqué par la plus grave crise de l'immobilier depuis la Grande Dépression de 1929, a été conçu à la base pour aider les emprunteurs étranglés par leurs mensualités, en relevant notamment le plafond des prêts qui peuvent obtenir une garantie publique. S'ile st adopté, il reviendra à autoriser une garantie de l'Etat sur près de 300 milliards de dollars d'emprunts immobiliers, et apportera une bouffée d'air aux emprunteurs alors que les taux des emprunts fixes sur 30 ans ont touché leurs niveaux les plus élevés depuis un an.
L'idée est aussi de dégripper le secteur immobilier qui voit la demande diminuer, le nombre de ventes plonger et les prix décliner inexorablement. Selon les derniers chiffres du bureau de surveillance fédéral de l'immobilier américain (OFHEO) publiés mardi, les prix des logements ont baissé de 0,3% en mai sur un mois et de 4,8% sur un an.
Le volet Fannie et Freedie
Le texte prévoit aussi un deuxième volet qui concerne Fannie Mae et Freddie Mac, les deux géants du refinancement hypothécaire qui ont frôlé l'implosion au début du mois de juillet. D'une part, tous deux seraient placés sous l'autorité d'un nouvel organisme de contrôle, aux pouvoirs renforcés. De l'autre, le Congrès est invité à donner son feu vert au plan de sauvetage mis sur pied par le Trésor il y a une dizaine de jours pour empêcher un naufrage des deux organismes, qui venaient de perdre 50% en Bourse en l'espace d'une semaine.
Le plan leur permettrait d'accéder à plus de capitaux publics, en autorisant le Trésor jusqu'à la fin 2009 à acheter des actions des deux organismes ou à leur prêter plus d'argent.
Ce point a initialement suscité la méfiance en raison de la difficulté à déterminer son coût pour le contribuable. Mardi, le bureau du budget du Congrès (CBO) a avancé le chiffre de 25 milliards de dollars sur deux ans, tout en soulignant qu'il y avait de fortes chances que le Trésor n'ait pas besoin de recourir du tout à ce nouveau dispositif.
Mardi, le secrétaire au Trésor Henry Paulson, qui avait souligné à nouveau le rôle essentiel de Fannie Mae et Freddie Mac dans l'économie américaine, s'était dit "confiant" en une approbation du texte d'ici la fin de la semaine. "La poursuite de leur activité est un facteur crucial pour la vitesse avec laquelle nous émergerons de la correction de l'immobilier et nous gommerons les incertitudes sous-jacentes sur les marchés financiers", a-t-il lancé.
Fannie Mae et Freddie Mac détiennent ou garantissent 5.200 milliards de dollars de créances hypothécaires, soit près de la moitié de l'encours de crédit immobilier outre-atlantique. (Source AFP)