Zone euro : Bruxelles table désormais sur une baisse de 4% du PIB en 2009
[ 04/05/09 - 11H36 - actualisé à 14:27:00 ]
Conséquence immédiate de cette forte contraction de l'activité : le taux de chômage devrait grimper à 11,5% en 2010, au plus haut depuis l'après-guerre, et le déficit public à 6,5%.
Récession prolongée, marché de l'emploi calamiteux, comptes publics au plus mal... Les prévisions économiques de printemps de la Commission européenne dressent un tableau bien noir des prochains mois. Le produit intérieur brut de la zone euro devrait ainsi se contracter de 4% en 2009 selon l'exécutif européen. En janvier, Bruxelles anticipait une contraction de 1,9% de l'activité économique. Et 2010 ne devrait pas être l'année de la reprise puisque la Commission s'attend encore à une récession de 0,1%, contre une croissance de 0,4% attendue en début d'année. Ces nouvelles prévisions restent néanmoins légèrement plus optimistes que celles du Fonds monétaire international (FMI), à savoir un recul de 4,2% du PIB cette année et de 0,4% en 2010, et celles de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à respectivement -4,1% et -0,3%.
"La chute du PIB devrait prendre fin vers la fin de l'année et les taux de croissance devraient redevenir modestement positifs courant 2010", a indiqué la Commission dans un communiqué. Le commissaire européens aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, a assuré, pour sa part, percevoir des signes de "stabilisation" de la conjoncture. "Nous ne sommes plus en chute libre", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Bruxelles. "Le creux de la vague se rapproche de plus en plus", a-t-il ajouté.
Le commissaire se veut tout de même prudent. "Même s'il y a des signes positifs, nous n'avons pas la masse critique de statistiques pour dire que nous sommes tirés d'affaire", a-t-il souligné. Joaquin Almunia a ainsi salué "les mesures ambitieuses prises par les gouvernements et les banques centrales" qui "devraient arrêter la chute de l'activité économique cette année et permettre un redressement l'année prochaine", mais, a-t-il prévenu, "pour que cela arrive nous devons procéder rapidement au nettoyage des actifs toxiques et des bilans des banques et recapitaliser ces dernières lorsque cela est nécessaire".
Plus globalement, les Européens devront se coordonner avant de prendre toute nouvelle mesure de relance, a prévenu Joaquin Almunia. Jusqu'ici, les Européens ont agi en ordre dispersé même s'ils étaient mis d'accord en décembre pour coordonner leurs mesures de relance. Les Britanniques ont par exemple choisi de baisser le taux de TVA quand d'autres pays comme l'Allemagne ou la France ont préféré soutenir des projets d'investissements.
Sans vouloir se prononcer dans l'immédiat sur la nécessité de nouveaux plans de relance, le commissaire a précisé que les dirigeants européens allaient "analyser" l'opportunité de nouveaux efforts lors de leur prochain sommet en juin. On verra alors "si des mesures additionnelles sont nécessaires", a-t-il dit. A ce jour, l'ampleur des mesures conjoncturelles déjà annoncées est évaluée par la Commission à environ 400 milliards d'euros pour 2009 et 2010 dans l'UE. Mais Joaquin Almunia d'admettre qu'aujourd'hui "la marge de manoeuvre des différentes économies européennes n'est pas la même que celle qui existait il y a cinq ou six mois".
De fait, les déficits européens se sont fortement creusés et cette tendance va s'accentuer d'ici à 2010. Selon les nouvelles prévisions de la Commission européenne, la contraction du PIB devrait faire grimper le déficit public à 5,3% du PIB en 2009 dans les seize pays dotés de la monnaie unique, et à 6,5% en 2010. Sur les 16 Etats membres de la zone euro, seuls la Finlande, Chypre et le Luxembourg devraient ne pas dépasser l'an prochain la limite en principe autorisée de déficit de 3% du PIB.
La forte détérioration de l'activité aura également de graves conséquences en termes d'emploi. Sur l'ensemble de l'Union européenne, la Commission s'attend à 8,5 millions de pertes de postes en 2009-2010. Ces chiffres annoncent, s'ils sont confirmés, un taux de chômage de 10,9% l'an prochain. Dans la zone euro, il pourrait même atteindre 11,5% en 2010, du jamais vu depuis l'après-guerre. La Commission anticipait jusqu'ici un taux de chômage de 10,2% dans la zone euro et de 9,5% dans l'Union européenne l'an prochain.
L'exécutif communautaire anticipe enfin que l'inflation continuera à baisser au cours des deuxième et troisième trimestres de cette année, avant de reprendre une trajectoire légèrement positive par la suite. La Commission s'attend ainsi à une hausse de prix de 0,4% en 2009 dans la zone euro puis de 1,2% en 2010.