Trichet reste ferme
sur la politique monétaire
09/05/2008 | Mise à jour : 07:06 |
Crédits photo : (photo Soriano/Le Figaro)
La Banque centrale européenne (BCE) a laissé ses taux inchangés, jeudi. L'inflation reste sa priorité.
Sans surprise, le conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de laisser son principal taux d'intérêt inchangé, à 4 %. Malgré la crise financière, qui se traduit par un ralentissement de la croissance aux États-Unis comme sur le Vieux Continent, le coût de l'argent dans la zone euro n'a pas baissé depuis le mois de juin 2007, alors qu'aux États-Unis, les taux ont chuté de 3,25 % à 2 %. En Grande-Bretagne, ils ont baissé à deux reprises pour s'établir à 5 %, un taux que la Banque d'Angleterre a malgré tout décidé de ne pas toucher jeudi.
Lors d'une conférence de presse à Athènes, jeudi après-midi, Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, a justifié son statu quo par le niveau élevé de l'inflation dans la zone euro : 3,6 % prévus en 2008 après 2,4 % en 2007. La BCE a pour mandat de contenir la hausse des prix sous la barre des 2 %, un chiffre largement dépassé depuis six mois. «Nos 320 millions de citoyens sont très attachés à la stabilité des prix à moyen terme», a rappelé Jean-Claude Trichet. Entretenue par la flambée des prix du pétrole et des produits alimentaires, l'inflation explique, en partie, la chute inattendue des ventes de détail dans la zone euro en mars. Les consommateurs de la zone euro restreignent leurs achats. «Les risques à la hausse pour l'inflation des prix vont prévaloir à moyen terme», a indiqué le président de la BCE. «Dans le même temps, les fondamentaux économiques de la zone euro sont sains», a-t-il ajouté. «Même si elle ralentit, la croissance de l'économie mondiale devrait résister, bénéficiant en particulier de la forte croissance des pays émergents. Cela devrait continuer de soutenir la demande extérieure de la zone euro.»
Optimiste, malgré de récents indicateurs économiques plutôt maussades, la BCE s'appuie sur les bons chiffres dans les services, et sur la solidité de l'industrie allemande face à la crise.
L'économie allemande résiste
Malgré l'envolée de l'euro face au dollar depuis janvier, les exportations allemandes restent solides. Les bonnes performances de la première économie de la zone euro expliquent la fermeté de la politique monétaire européenne, laissant dans l'ombre une Italie au bord de la récession, et la crise immobilière espagnole. «Les chiffres du premier trimestre donneront raison à la BCE : ils ne seront pas mauvais, avec une croissance attendue entre 0,4 % et 0,5 %, c'est-à-dire conforme au potentiel», note Éric Vergnaud, économiste chez BNP Paribas. Élément clé pour la BCE, la production industrielle allemande aura connu une croissance de 2,6 % au premier trimestre, malgré une contraction de 0,5 % en mars.