Merrill craint une récession sévère et prolongée aux États-Unis
19h53
Par Tenzin Pema
BANGALORE (Reuters) - Merrill Lynch estime que les États-Unis risquent de connaître une récession sévère et prolongée en raison de la baisse des dépenses de consommation.
Merrill ajoute que les cours de Bourse des groupes de cartes de crédit pourraient également baisser car les valorisations et les estimations actuelles pour le secteur américain du crédit à la consommation ne tiennent compte que d'un coup de frein modéré pour l'économie.
Les derniers indicateurs publiés suggèrent que les consommateurs américains, dont le pouvoir d'achat s'effrite, regardent de plus en plus à la dépense. Très endettés, ils sont aussi de plus en plus nombreux à accuser des retards sur le remboursement de leurs crédits, souligne Kenneth Bruce, analyste de la banque d'affaires américaine.
Le secteur américain du crédit à la consommation sera affecté par ces problèmes au premier trimestre, et le groupe de cartes de crédit et de services aux voyageurs American Express pourrait être le plus touché par un ralentissement de la croissance du chiffre d'affaires et par une hausse des pertes sur créances, ajoute Bruce.
De mauvais trimestriels d'American Express et de son concurrent Capital One Financial pourraient conduire à des révisions à la baisse des prévisions de bénéfices et des valorisations, inversant alors le rally que les actions du secteur ont connu récemment grâce aux mesures énergiques de détente monétaire engagées par la Fed, poursuit l'analyste.
Le titre American Express a pris plus de 10% depuis le début mars tandis que l'action Capital One s'est adjugée 16%, en réaction aux différentes mesures de la Réserve fédérale pour tenter de juguler la crise des marchés de crédit.
Vers 17h00 GMT, American Express perd 2,3% à 45,24 dollars et Capital One lâche 4,2% à 51,25.
HAUSSES DES DÉFAUTS SUR LES CRÉDITS AUTO
La plupart des émetteurs de cartes de crédit ont renforcé leurs provisions pour pertes sur créances au quatrième trimestre 2007, mais malgré cela Bruce s'attend à ce que le niveau des réserves ne suffise pas en cas d'aggravation de la situation du crédit.
"Le pire est encore à venir, c'est notre opinion", résume Bruce dans une note à ses clients.
Le taux de défaut sur les crédits automobiles a atteint récemment son plus haut niveau depuis dix ans, à 3,4%, et le taux de saisie sur ce marché a augmenté de 15% depuis le début de l'année.
Avec la flambée des prix du carburant et le ralentissement de l'économie, beaucoup de consommateurs américains ont également l'impression que leur voiture vaut moins que les crédits contractés pour la payer, ajoute Bruce.
"Il y a aussi l'effet de domino induit par la crise des crédits immobiliers, les consommateurs à court d'argent choisissant de faire défaut sur leur crédit auto plutôt que sur leur prêt immobilier", précise-t-il.
L'analyste s'attend toutefois à ce que les groupes de crédit automobiles tirent leur épingle du jeu plus rapidement que les établissements de crédit immobilier, car une automobile peut être saisie dans un délai de seulement 90 jours suivant le non-respect d'une échéance.
Pratish Narayanan, version française Gilles Guillaume