15 sept 2009

crise: L'industrie se prépare à une crise longue,jdf

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Christelle Donger | JDF HEBDO | 12.09.2009 | Mise à jour : 19H52
Rien n'est pire pour une société que d'affronter un ralentissement économique et une crise financière. Moins de commandes, accès limité au crédit... la situation à laquelle est confronté le monde de l'industrie est sans précédent. « Le retournement de tendance il y a un an a été d'autant plus sidérant qu'au début de l'été 2008 beaucoup d'industriels se demandaient encore comment faire face à l'afflux de commandes », raconte Yvon Jacob, président du Groupe des fédérations industrielles.
Dans certains secteurs comme les équipements de construction, la crise financière a joué un rôle d'amplificateur de la récession : « Nos marchés en Espagne et au Royaume-Uni étaient déjà affaiblis par la crise des subprimes, quand la faillite de Lehman Brothers a généralisé le ralentissement à l'ensemble de nos activités en gelant brutalement le marché du crédit », explique Alexandre Saubot, président d'Haulotte Group.
Les sociétés n'ont pas tardé à se rendre à l'évidence. Dès fin 2008, les premières alertes sur résultats sont tombées. Manitou, Sperian Protection ou encore Schneider Electric ont abaissé leurs objectifs annuels. A juste titre. « La production industrielle en Europe et aux Etats-Unis s'est écroulée de plus de 20 % en un an », indique Yvon Jacob. Dans le secteur des biens d'équipement, la baisse atteint même plus de 40 %. »
A situation exceptionnelle, réaction exceptionnelle, les sociétés ont pris des mesures drastiques. Réduction de coûts, diminution des budgets marketing et communication, fermeture d'usines... tout est bon pour se mettre en situation de survie à court terme. « Pour Haulotte Group,nous avons pris les mêmes initiatives que lors des autres crises mais à un rythme plus rapide et dans une plus grande ampleur », témoigne Alexandre Saubot.
Reste que le plus délicat à gérer pour les industriels a été la crise de liquidités. Difficile de couvrir le financement des restructurations, l'accroissement des stocks et les défauts de paiement des clients tout en préservant une marge de manoeuvre suffisante pour préparer la reprise. Quand certains ont lancé des augmentations de capital (ArcelorMittal, Imerys), souvent suivies par des émissions obligataires, d'autres ont cédé des actifs (Alcatel-Lucent, Carbone Lorraine) ou reporté leurs projets d'investissement pour préserver leur capacité d'autofinancement. Manitou, qui était déjà fragilisé avant la crise par l'achat coûteux de l'américain Gehl, a dû négocier avec ses banques la restructuration de sa dette.
Mieux vaut avoir les reins solides pour passer la crise, qui s'annonce longue, chez les industriels. « Seulement 65 à 70 % des capacités de fabrication sont aujourd'hui utilisées. Un niveau nettement moins important que lors des crises précédentes, où le taux avoisinait encore 80 % », remarque Yvon Jacob. La plupart des groupes, comme Caterpillar, avouent manquer de visibilité et restent prudents face à la stabilisation de certains marchés. « L'investissement industriel repartira en dernier à l'issue de la crise, prévient Yvon Jacob. Même si on peut s'attendre à un léger sursaut de l'activité en fin d'année grâce à l'achèvement du mouvement de déstockage, nous n'envisageons pas de vraie reprise avant fin 2010, mi-2011 pour les secteurs d'activité les plus éloignés de la consommation finale. »