Premiers signes de faiblesse pour la croissance de l'Inde
De notre correspondante à New Delhi, M.-F. C.
01/09/2008 | Mise à jour : 09:58 |
.
Le PIB du pays vient d'enregistrer son plus mauvais chiffre depuis trois ans et demi.
Avec 7,9 % de croissance entre avril et juin contre 9,2 % sur la même période l'an passé, le PIB indien marque le pas. Il avait encore augmenté de 8,8 % au trimestre précédent. Rien d'alarmant en soi. Mais cette contre-performance pourrait marquer un tournant pour l'économie indienne, considérée jusqu'ici comme l'une des plus prometteuses du monde. Le PIB pourrait ralentir encore au cours des mois à venir.
«La politique de resserrement du crédit ne manquera pas d'avoir des répercussions négatives sur la croissance au cours du prochain exercice fiscal (d'avril 2008 à fin mars 2009)», affirme Dharmakirti Joshi, économiste dans une banque à Bombay. L'inflation, qui a atteint son plus haut niveau en seize ans à 12,4 %, a contraint la RBI, la banque centrale indienne, à augmenter ses taux d'intérêt. Ils sont actuellement à 9 %.
La RBI ne semble pas d'humeur à changer de cap. Les risques inflationnistes sont trop grands, jugent nombre d'observateurs. «L'Inde continuera d'afficher un taux d'inflation à deux chiffres jusqu'en février 2009, affirme Subir Gokarn, économiste chez Standard & Poor's. Si les prix du pétrole restent relativement raisonnables, la RBI passera tout au plus d'une politique agressive de resserrement du crédit à une attitude neutre.»
L'inflation ravivée
La flambée des prix du baril et des matières premières, notamment alimentaires, et la baisse du dollar, ont contribué à raviver l'inflation, en Inde comme dans le reste du monde. Les Cassandre vont jusqu'à prédire une hausse des prix de 14,5 % d'ici à décembre. D'autant qu'une dépréciation de la roupie rendra les produits importés plus chers.
Le plus alarmant reste le ralentissement dans les services qui représentent 50 % de l'économie indienne. Leur croissance n'a été que de 11,2 % d'avril à juin, contre 13,1 % sur la même période de l'an passé. Pour autant, Palaniappan Chidambaram, le ministre des Finances, refuse de sombrer dans le pessimisme. «Je suis confiant. Cette année aussi, nous serons plus ou moins exacts sur notre estimation d'un taux de croissance proche de 8 %», a-t-il déclaré. Le Conseil économique du premier ministre Manmohan Singh table plutôt sur une augmentation du PIB de 7,7 % en 2008-2009.