29 sept 2008

FORTIS,BB,HBOS..CRISE BANCAIRE. LM

Après les Etats-Unis, l'Europe ? Le Benelux a volé, dimanche 28 septembre, au secours de la banque Fortis pour lui éviter d'être emportée par la crise financière, alors que le gouvernement britannique s'apprête à nationaliser les prêts de Bradford & Bingley (B&B), dont les dépôts et les succursales ont été rachetés par la banque espagnole Santander. En Allemagne, la banque allemande Hypo Real Estate, menacée de faillite, a obtenu de la part d'un consortium de banques allemandes des crédits "à hauteur suffisante" pour continuer ses activités, a-t-elle annoncé tôt lundi matin dans un communiqué boursier.
En France, "tout le monde peut s'accorder pour dire que les banques françaises sont en situation de risque moins grand qu'aux Etats-Unis ou même dans d'autres pays européens", a dit sur France-Inter dimanche Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée. Il a dit fonder cet optimisme sur deux raisons : les banques françaises se seraient moins engagées dans l'immobilier et seraient moins parties à l'aventure dans des valeurs "fragiles", les produits financiers composés à partir des risques et des dettes des crédits immobiliers à risque américains.

LES GOUVERNEMENTS DU BENELUX AU SECOURS DE FORTIS

Les gouvernements de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg, les trois pays où est principalement implantée Fortis, ont annoncé, dimanche soir 28 septembre, leur intention de nationaliser le bancassureur en y injectant un total de 11,2 milliards d'euros. Selon ce plan, l'Etat belge va mettre au pot 4,7 milliards en échange d'une participation de 49 % dans la filiale bancaire belge du groupe. Les Pays-Bas, qui avaient rechigné, vont injecter 4 milliards d'euros pour 49 % de la filiale néerlandaise, et le Luxembourg 2,5 milliards d'euros pour 49 % de la filiale luxembourgeoise, sous forme d'obligations convertibles en actions, selon un communiqué commun.

Dans le même temps, le bancassureur belgo-néerlandais, qui emploie 85 000 personnes et fait partie des vingt plus grandes banques européennes, va se séparer des actifs qu'elle avait achetés l'an dernier dans son concurrent néerlandais ABN Amro ; selon certaines informations de presse, le groupe néerlandais ING serait sur les rangs. Un prix de 10 milliards d'euros a été évoqué, très loin des 24 milliards d'euros que Fortis avait dû débourser pour s'emparer d'une partie d'ABN Amro, lors d'une OPA sur le groupe menée de concert avec les banques espagnole Banco Santander et britannique Royal Bank of Scotland. Par ailleurs, le président du conseil d'administration de Fortis, Maurice Lippens, va quitter son poste. L'option d'une nationalisation partielle s'est imposée après l'échec de négociations menées tout au long du week-end visant à trouver un éventuel repreneur privé pour Fortis. Le groupe bancaire français BNP-Paribas a fait une offre mais qui a été jugée insuffisante, tant par Fortis que les gouvernements, selon des sources proches du dossier.

SANTANDER ET LE TRÉSOR BRITANNIQUE À LA RESCOUSSE

Outre-Manche, B&B devrait devenir la deuxième banque britannique reprise par les pouvoirs publics après le sauvetage de Northern Rock, en février. La banque espagnole Santander a annoncé dimanche soir le rachat de ses dépôts et de ses 200 succursales pour 400 millions de livres (503 millions d'euros). Les 2,7 millions de comptes de B&B représentent un total de 21 milliards de livres. L'enseigne B&B va perdurer, mais les comptes seront transférés à la banque Abbey, établissement britannique acquis en 2004 par Santander, a précisé un porte-parole.

Le Trésor britannique a mené d'intenses discussions ce week-end en vue du sauvetage de la neuvième banque de crédits immobiliers britannique. Une déclaration du ministre des finances, Alistair Darling, est attendue lundi, avant l'ouverture des marchés. Selon la BBC, B&B devrait être nationalisée et son portefeuille de créances hypothécaires fusionné avec celui de Northern Rock.

Le Trésor aurait préféré un sauvetage par un repreneur privé mais, en pleine crise mondiale du crédit et avec un marché immobilier en plein marasme, aucune autre banque n'a voulu reprendre les 41 milliards de livres sterling (51,67 milliards d'euros) de créances immobilières de B&B, qui représentent 3,4 % de tout le portefeuille hypothécaire au Royaume-Uni. Le gouvernement britannique a supervisé ce mois-ci la reprise de HBOS, la première banque du pays pour le crédit immobilier, par sa rivale Lloyds TSB, qui s'est trouvée moins exposée car elle n'était que quatrième dans ce secteur.