Merrill Lynch affiche de nouvelles pertes au premier trimestre
[ 18/04/08 ]
La banque affiche une perte de 1,96 milliard de dollars sur les trois premiers mois de l'année et a déprécié plus de 7 milliards d'actifs. Elle s'apprête à supprimer encore 3.000 emplois, après 1.100 licenciements au premier trimestre.
DE NOTRE BUREAU DE NEW YORK.
John Thain, le nouveau PDG de Merrill Lynch, s'est attelé à l'un des exercices les plus délicats à Wall Street aujourd'hui. Il doit faire table rase d'une stratégie extraordinairement risquée sur des produits structurés complexes qui s'est traduite par plus d'une vingtaine de milliards de dépréciations d'actifs pour Merrill Lynch depuis l'été dernier... tout en restructurant la société pour passer à la phase suivante.
L'ancien patron du Nyse et ex-numéro deux de Goldman Sachs achève de nettoyer le bilan de Stanley O'Neal, son prédécesseur à la tête de Merrill Lynch, en ajoutant, au premier trimestre 2008, pour 4,5 milliards de dollars de dépréciations d'actifs. La banque a déprécié pour 7,1 milliards de dollars d'actifs mais a ramené le total des dépréciations au premier trimestre à 4,5 milliards de dollars grâce à 2,6 milliards de dollars de gains. En additionnant dépréciations d'actifs, pertes et réserves, certains ont avancé un chiffre de 9,5 milliards de dollars de dépréciations qui est contesté par la banque.
Au total, le premier courtier mondial affiche une perte nette de 1,96 milliard de dollars au premier trimestre. Le produit net bancaire de Merrill Lynch est en baisse de 69 % sur un an, à 2,9 milliards de dollars. En excluant les dépréciations d'actifs et divers ajustements de valorisation, le produit net bancaire s'établit à 7,4 milliards de dollars, en baisse de 26 % par rapport au premier trimestre 2007.
Le marché s'est encore durci
La sanction est tombée sur l'activité banque d'investissement, qui va perdre 3.000 emplois (sur un total de 63.100), sachant que 1.100 personnes ont déjà été licenciées au premier trimestre. La suppression de 10 % des effectifs va entraîner une provision pour restructuration de 350 millions de dollars au deuxième trimestre.
Les revenus de la banque d'investissement, qui a particulièrement souffert sur un marché qui s'est encore durci à la fin du premier trimestre, ont décliné de 40 %, à 805 millions de dollars. L'activité de « fixed income » a enregistré un produit net bancaire négatif de 3,4 milliards de dollars en raison des dépréciations d'actifs. L'activité marché de capitaux a vu ses revenus chuter de 21 %, à 1,9 milliard de dollars. Côté « private equity », la branche a affiché un produit net bancaire négatif de 207 millions de dollars. « Cela a été sans doute le trimestre le plus difficile à Wall Street en trente ans », a souligné John Thain. La partie gestion de fortune a été beaucoup plus positive pour Merrill Lynch, qui enregistre une hausse de 8 % de son activité, à 3,6 milliards de dollars, même si son résultat avant impôts est en baisse de 8 %.
John Thain a indiqué que la banque avait accès à 82 milliards de dollars de liquidités si nécessaire et qu'elle était « bien capitalisée ». Le patron le mieux payé des Etats-Unis (83,1 millions de dollars en 2007) s'est employé à trouver 12 milliards de dollars pour renforcer le capital de la banque dès son arrivée. A l'avenir, Merrill Lynch ne prévoit pas d'émettre de nouvelles actions ordinaires, a indiqué hier John Thain, mais pourrait émettre des actions préférentielles.
VIRGINIE ROBERT